Solidarité européenne et coronabonds

Résoudre ensemble le problème ?

Le Tribut, P.-P. Rubens Foto : R/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/PD

(Marc Chaudeur) On reproche beaucoup ces derniers jours à certains pays – nommément l’Allemagne et les Pays-Bas – leur “égoïsme” : ces Etats refusent de participer à un prêt commun des Etats membres de l’Union Européenne, ce qu’on appelle coronabonds. Qu’en est-il, au juste ? Un petit rappel.

L’idée ne date pas d’hier : d’une certaine manière, elle a déjà été mise en œuvre après la crise financière de 2008-2010. Etaient concernés alors 5 Etats : à savoir l’Espagne, l’Italie, l’Irlande, le Portugal, et surtout, comme on sait, la Grèce. En 2010, on appelait cela « Eurobonds » : il s’agissait déjà d’emprunter suffisamment d’argent, et à des taux « « raisonnables », afin d’éviter à ces Etats la banqueroute. L’idée était simple : les taux d’intérêt des prêts dépendent largement, bien sûr, de la hauteur des risques : pour cette raison, il est plus difficile à la Grèce d’emprunter à un taux remboursable qu’à l’Allemagne. Et ainsi, peut-on ajouter, les pays plus démunis sont condamnées à la double peine : plus ils ont besoin de fonds, plus il est difficile pour eux d’emprunter ; exactement comme pour les personnes privées.

Pourquoi alors, les réticences de l’Allemagne, et aussi des Pays-Bas ? En réalité, une réalisation comme ces fameux coronabonds présentent des inconvénients financiers : les taux d’intérêt montent dans le cas des opérations financières que pratiquerait l’Allemagne, pour les raisons avancées plus haut. Par ailleurs, il y a un inconvénient politique : c’est que si les Européens voulaient mettre leurs dettes en commun, ce ne serait plus le Bundestag qui comme actuellement, contrôlerait les dépenses de l’État allemand, mais in concreto, les ministres des Finances des Etats (pris ensemble) qui composent l’UE.

Enfin, plus délicat à exposer, mais essentiel dans le déroulement de cette éventuelle démarche : il est prévisible que pour des raisons juridiques, la mise en œuvre de ces fameux coronabonds mettraient un temps très long à fonctionner.

Alors, existerait-il une alternative ? Beaucoup d’économistes et d’experts européens parlent à ce propos d’une intervention du Mécanisme Européen de Stabilité. Il s’agirait d’un crédit mis en place par le MES par et pour tous les membres de l’Union Européenne.

Pourquoi au juste le MES ? Cette institution européenne a été fondée en septembre 2012 afin de gérer les crises dans les pays de la zone euro ; en l’occurrence, les suites de la crise financière catastrophique de 2008, dont les origines directes se situent d’ailleurs dans le système bancaire pourri des Etats-Unis et qui, comme on sait, a éclaboussé le monde entier et engendré des ravages partout dans notre économie globalisée.

Certains pays, surtout la Grèce, se sont trouvés dans l’impossibilité de régler leurs dettes. Pourquoi ? On l’a dit, parce que plus les risques sont élevés, plus le taux le sont ! Et ces taux dépendent largement dea analyses de ces requins professionnels que sont les agences de notation comme Standard and Poor’s, Moody’s ou Fitch Ratings. Il s’agit alors d’introduire dans cette double peine un cycle vertueux qui permettra le règlement.

En somme, le MES est une sorte de FMI européen, centré au Luxembourg. Il est dirigé par le « Conseil des gouverneurs », c’est-à-dire l’ensemble des ministres des Finances des Etats membres. Après acceptation de l’État demandeur par la Commission Européenne et la BCE. La décision est prise à l’unanimité.

Quel avantage ? Essentiellement que le MES est alimenté par des différents Etats, à hauteur variable, et qu’il permet d’offrir des prêts plus avantageux, avec un discernement bien supérieur à celui des fameux et très hypothétiques coronabonds.

Enfin, suite de nos aventures, le premier Ministre des Pays-Bas a présenté des commencements de propositions intéressantes. Nous verrons aujourd’hui de quoi il retourne.

Tout cela, bien sûr, ne sent pas très bon. Cela sent très fort le retour aux égoïsmes nationaux, assez loin de toute solidarité internationale, fût-elle intra-européenne.

 

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