Sondage : si les Allemands avaient à voter demain…

Un sondage montre différentes évolutions dans le paysage politique allemand. Les eurosceptiques cèdent du terrain, la gauche revient dans la course.

Die Linke au Bundestag - mais une prochaine coalition avec le SPD et les Verts semble exclue. Foto: DieLinke Sachsen / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – La première force politique allemande est et reste la CDU. Du moins, tant que Angela Merkel dirige son parti et le gouvernement. Pour des raisons que les historiens et les psychologues auront du mal à expliquer aux générations futures, les Allemands sont accrochés à leur «Mutti» dont le coté rassurant semble l‘emporter sur les qualités de la politique qu‘elle mène.

Le score de la CDU dans le sondage est donc logique – 41% des Allemands voteraient pour la CDU actuellement. Toutefois, la CDU aura du mal à trouver un partenaire. Car pour la première fois depuis des mois, les eurosceptiques de l‘AfD restent en dessous de la barre fatidique des 5% qui assure l‘entrée au Bundestag. Idem pour le FDP qui, à 3%, semble se noyer définitivement dans l‘insignifiance politique. Donc, les deux ne pourront pas apporter une majorité gouvernementale à la CDU.

Le résultat ressemblerait étrangement au résultat des dernières élections en Allemagne. Le SPD obtiendrait 25%, les Verts et Die Linke 9,5% chacun. Ce qui mettrait la gauche allemande une nouvelle fois devant un choix que le SPD a refusé autant en Hesse qu‘au niveau national. Malgré une «majorité à gauche d‘Angela Merkel», le SPD, les Verts et Die Linke n‘avaient pas osé prendre le pouvoir, malgré une majorité mathématique.

L‘erreur dans ce modèle «rouge-rouge-vert», c‘est l‘idée que les Verts soient un parti de la «gauche». Au contraire – ils partagent bon nombre de positions avec la CDU et les conservateurs sont plus proches des Verts que Die Linke. Depuis les dernières élections, les Verts discutent ouvertement la possibilité d‘un rapprochement avec la CDU et même Horst Seehofer, le patron de la CSU (petite sœur de la CDU, version bavaroise) a souligné que les négociations avec les Verts de l‘hiver dernier n‘avaient échoué qu‘à cause de la présence de Jürgen Trittin. L‘ancien grand patron des Verts ne faisant plus partie de la politique actuelle, la voie serait donc libre pour une coalition CDU/CSU-Verts au niveau national.

A condition, toutefois, que les adhérents des Verts pardonnent cette nouvelle orientation à leurs chefs. Car une bonne partie de l‘électorat des Verts est issue des grands mouvements sociétaux des dernières décennies – le mouvement pour la paix, le mouvement anti-nucléaire, le mouvement d‘égalité entre les sexes, pour ne citer qu‘eux. Dans cette population, une coalition avec la CDU serait vécue comme une trahison des valeurs fondamentales du parti – est-ce que les Verts totaliseront réellement 9,5% lors des prochaines élections ?

Ce qui est rassurant, c‘est la perte de vitesse de l‘AfD qui subit actuellement le sort de tous les partis «single issue». En limitant son action politique à la critique des institutions européennes et à prôner la création de deux zones euros, l‘une pour les pays «riches» et l‘une pour les pays «pauvres», l‘AfD a oublié de se comporter comme un vrai parti pouvant assumer des responsabilités à une échelle supérieure. Comme les Pirates, d‘ailleurs.

Dans tous les cas, la rentrée politique sera chaude et de nombreux dossiers épineux attendent les acteurs politiques allemands. Les Allemands suivront attentivement le flirt entre les conservateurs et les écologistes. Une alliance peu naturelle, mais qui aura plus de chances que «rouge-rouge-vert». Et on se gratte toujours la tète en se posant la question pourquoi SPD, Die Linke et les Verts n‘ont pas eu le courage pour détrôner Angela Merkel. Si une majorité parlementaire ne suffit pas pour y parvenir, il leur faudra quoi, alors ?

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