Sortie de Covid-Crise & Pensée Complexe

Véritable feu d'artifices, la pensée complexe du leader du « Nouveau Monde » nous en fait voir de toutes les couleurs. Foto: David Richfield / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Le « Nouveau Monde », annoncé avec moultes fanfaronnades par le(s) candidat(s) « En Marche » en 2017, à ne pas confondre avec la traduction anonyme de la Bible dite du Monde Nouveau en vigueur chez les autoproclamés Témoins de Jéhovah, nous livre de semaine en semaine son lot de surprises et d’émerveillements. Ainsi, la Covid-Crise-two-thousand-ninteteen, pour parler à la façon des managers et des coaches du temps présent, est gérée par l’actuel gouvernement de la même manière que beaucoup d’entreprises et services publics du twenty-first century.

Les multiples informations et injonctions contradictoires, dont les Françai(se)s sont abreuvé(e)s depuis le début de la crise sanitaire, deviennent quasiment impossibles à lister, tant leur nombre est pléthorique. Mais cela n’a rien d’étonnant quand un gouvernement se réclamant de la « société civile » fait siennes les méthodes managériales actuelles. Entendez par « société civile » le monde merveilleux des CSP, pas du même monde que ceux qui ne sont rien, l’univers fantastique des premiers de cordées n’ayant aucune considération pour les multiples sherpas nécessaires à leur ascension personnelle, les chasseurs de grands fauves ne pouvant subsister dans la savane sans leurs cohortes de porteurs payés en cacahuètes.

A l’issue prochaine d’un confinement entretenu par une communication particulièrement chaotique, nous approchons d’une période de déconfinement pour laquelle la communication actuelle s’avère spécialement confuse. Confuse, ou plus exactement profuse, au point de générer et d’entretenir la confusion. Une confusion utile aux CSP, aux premiers de cordée, aux chasseurs de grands fauves qui, si l’opération réussit, s’auto-congratuleront de leur ineffable génie ou, si l’opération échoue, se défausseront sans vergogne sur ceux qui ne sont rien de rien, sur les sherpas illettrés, sur les porteurs incultes. Ne pouvant appréhender la globalité de la pensée complexe du sommet, il est alors évident qu’en cas d’échec d’un plan parfaitement rôdé sur les tableaux Excel et brillamment illustré par de magnifiques Power Point, la base en devient seule comptable.

« Gouverner, c’est prévoir ; et ne rien prévoir, c’est courir à sa perte. », affirmait au 19ème siècle un certain Émile de Girardin (1802-1881). La seconde partie de cet aphorisme passe trop souvent à la trappe. Ce que n’ont pas oublié nombre de managers et de coaches du Nouveau Monde, pourtant majoritairement issus des entreprises et des institutions de l’Ancien Monde. Mais les codes ont changé. Désormais, savoir donner l’illusion de son efficacité passe loin devant le fait de pouvoir démontrer son efficience. Ainsi, pour ce qui est de la réouverture des écoles, le caractère particulièrement complexe des cahiers des charges du déconfinement transmis récemment aux maires témoigne éloquemment de la pensée complexe du sommet. Sommet rendant ainsi la base comptable d’un échec de sa mise en application de si brillants projets, et du même coup s’évitant de courir à sa perte.

Des observateurs tels que l’historien Johann Chapoutot et le démographe Emmanuel Todd, pour ne citer qu’eux, ont parfaitement identifié l’orientation des vents dominants et saisi leurs enjeux pour la société. L’un débusquant des influences nazies dans le management actuel (sic), l’autre faisant le constat de la progression de l’intelligence à la base et de l’accroissement du taux de crétins au sommet (sic). Ainsi n’est-il pas forcément gagné d’avance, pour le sommet, de se maintenir en place en employant des méthodes de coercition psychologiques d’un autre temps. Cependant, il n’est pas non plus acquis que l’intelligence progressant indéniablement à la base, ne soit pas pervertie et/ou instrumentalisée par des mouvements contestataires roulant pour eux seuls…