Spécial Cannes (3) : Marion Cotillard à notre micro…

Il y en a tant et tant et pas des moindres mais il y avait cette fois surtout Marion Cotillard, avant Spielberg .

Sympathique - Marion Cotillard a répondu à nos questions. Foto: nicogenin / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Par Nicolas Colle) – Marion Cotillard est une figure incontournable de la Croisette depuis plusieurs années. Ses prestations y remportent toujours l’adhésion et les faveurs des festivaliers sans avoir encore, jusqu’à maintenant, emporté la décision finale? Serait-ce pour cette année ?

Marion Cotillard , la favorite ? – C’est bien possible, tant notre Marion Cotillard irradie par son talent, par sa grâce, sa beauté et sa sensualité, le nouveau long métrage de Nicole Garcia, « Mal de pierres », inspiré du roman homonyme de Milena Agus (2006).

Elle est le grand atout de ce beau film dramatique dans lequel elle incarne Gabrielle, une femme en quête d’un amour absolu mais contrainte, par sa famille, d’épouser Alex, un homme attentionné mais qu’elle n’aime pas. Plus tard, lorsqu’elle entame une cure pour soigner ses calculs rénaux (le mal de pierre), au cœur d’envoûtants paysages savoyards, elle fait la rencontre d’André (Louis Garrel), un soldat revenu gravement blessé de la guerre d’Indochine, qui ravive en elle, son besoin de vivre un amour ardant. Gabrielle reprend alors foi en la vie et quand les deux amants sont séparés, elle se jure de ne jamais renoncer aux sentiments qu’elle éprouve pour cet homme et de le retrouver, quoi qu’il arrive… jusqu’au dénouement final, totalement inattendu.

Au cours d’une conférence de presse très fréquentée par des journalistes venus du monde entier, nous avons eu le privilège de féliciter toute l’équipe pour avoir su approcher si justement des différents aspects qui font de ce film, à la fois, un portrait de femme et celui d’une passion amoureuse qui nous donne également à observer un couple qui se cherche durant plusieurs années. C’est justement sur ce point que nous avons interrogé Marion Cotillard afin de comprendre son regard sur la relation qui unit son personnage, non pas à celui d’André mais à celui d’Alex, son mari, auquel elle refuse de s’ouvrir dans un premier temps, avant que son regard évolue sur cet homme, au point de développer, peut-être, un sentiment qu’elle ne s’attendait plus à éprouver pour lui.

Elle nous a répondu avec intérêt et sourire. Pour notre plus grand bonheur :

« Gabrielle est un personnage assez singulier dans la mesure où elle se laisse guider par la vie et par les décisions de son entourage, tout en s’accaparant la responsabilité des décisions des autres et en les faisant siennes. Donc, à partir du moment où sa famille lui impose de se marier avec cet homme, elle fait comme si c’était sa décision car elle y voit une manière de s’enfuir de cet enclos familial dont elle n’est pas capable de s’échapper par elle-même. Dès le départ, elle a un regard assez ambigu sur cet homme dont elle n’est pas amoureuse, au contraire, elle se sert de lui pour avoir une certaine expérience du couple. Sauf qu’elle ne le connaît pas et qu’elle ne sait pas à quel point il peut être généreux, ni à quel point l’amour qu’il va finir par éprouver pour elle, sera aussi infini que celui qu’elle recherche. Même si, au moment de leur rencontre, bien qu’il ait une certaine fascination pour elle, il n’en tombe pas immédiatement amoureux non plus. Il y a vraiment quelque chose qui se construit progressivement entre ces deux personnages. Ce sont deux âmes perdues qui, par la vie, se retrouvent à un même endroit et dont la personnalité, la singularité et la beauté vont faire qu’une histoire va, peut-être, être possible ».

Oui, chère Marion, pour votre grâce dont vous nous avez gratifiés durant ces quelques instants d’échange.

Place à maestro Spielberg. – Une autre star du cinéma international était également présente dans le Palais du Festival au cours de ses derniers jours. En effet, le Maestro Steven Spielberg nous a présenté « Le Bon Gros Géant », son adaptation du roman homonyme de Roald Dahl où Sophie, une jeune orpheline, est enlevée par un Géant avec lequel elle va se lier d’amitié et qui lui fera découvrir son pays ainsi que ses secrets sur la création des rêves qu’il insuffle, lui-même, dans l’esprit des enfants du monde entier. Après « Le Pont des Espions », son brillant film d’espionnage historique, sorti en salles, il y a seulement quelques mois, le cinéaste surprend ici avec un conte pour enfant.

Et justement, si Spielberg est un réalisateur tant célébré à travers le monde entier c’est, sans doute, pour sa capacité à se laisser envahir par son désir de raconter des histoires qui le (et nous) touchent, en naviguant d’un genre à un autre, avec toujours autant de virtuosité. Par les sorties quasi cumulées de ses deux derniers films, il nous prouve qu’il est l’incarnation du cinéma d’hier, d’aujourd’hui et de demain. En effet, alors que « Le Pont des Espions » développait une esthétique très soignée, avec des décors authentiques évoquant le grand cinéma d’espionnage de l’époque de la Guerre Froide, le « BGG » est, au contraire, un sommet de créativité numérique et virtuelle. Un trésor de couleurs et de poésie visuelle qui enchantera les petits et les grands, même si ces derniers regretteront peut-être que la forme ait été préférée au fond, trop simpliste, trop sage et sans véritable message. Mais nul doute que la qualité saisissante du travail des animateurs, cumulée au charme de la petite Sophie, à la sobriété de l’interprétation de Mark Rylance en Bon Gros Géant et à l’efficacité de la mise en scène avec ses longs plans-séquences spectaculaires, saura néanmoins les emporter.

Et les autres ? Il en est de bons encore. – Enfin, dans un tout autre genre, nous retiendrons évidemment la présentation de « Loving », grand film d’amour signé Jeff Nichols dont le travail fût très remarqué sur la Croisette avec les récents « Take Shelter » et « Mud ». En nous contant le combat d’un couple interracial dans l’Amérique des années 60 qui, banni de sa Virginie natale, tente de faire valoir son droit de s’aimer librement et d’élever ses enfants sur la terre qui a vu naître leurs parents, il signe une œuvre d’une grande puissance émotionnelle, toute en retenue et sans pathos, magnifiée par une bande musicale saisissante. Un film essentiel, dans le plus pur style du cinéaste, davantage porté sur les impressions et les sensations, avec des dialogues minimalistes et des effets sonores percutants, mais toujours centré sur l’humain.

Dans un prochain article, nous évoquerons le grand Pedro Almodovar, Olivier Assayas ainsi qu’un premier film d’animation qui a fait couler les premières larmes des festivaliers.

Extrait de « Mal de Pierres »

Bande annonce du « Bon Gros Géant »

Extrait de « Loving »

Cannes - toute la Croisette vit au rythme du Festival. Foto: Nicolas Colle

Cannes – toute la Croisette vit au rythme du Festival. Foto: Nicolas Colle

1 Kommentar zu Spécial Cannes (3) : Marion Cotillard à notre micro…

  1. Quel amour! Du cinéma mais pas que…?

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