Spécial Cannes : « Coupez ! » de Michel Hazanavicius, le cinéma mis en boîte

Notre envoyée spéciale à Cannes, Esther Heboyan, visionne pour les lecteurs et lectrices d’eurojournalist(e) les films présentés à la 75e édition du Festival de Cannes.

Beaucoup de sang dans "Coupez!"... Foto: © Lisa Ritaine / FDC

EJ CANNES 2022 klein (Cannes, par Esther Heboyan) – Le réalisateur français Michel Hazanavicius, un habitué de Cannes depuis la sélection de The Artist en 2011, a présenté Coupez ! hors compétition et en ouverture du festival. Mené bon train par ses interprètes, voici un film de genre – film de zombies, pour commencer – qui mélange les genres et les récits. La ligne de narration ménage quelques bifurcations et donc des surprises, accumulant les vrais et faux climax, saturant l’image de couleurs franches dans le style pop art tandis que l’horreur s’allie au comique. Même si Hazanavicius ne prétend pas, a priori, nous convaincre qu’il s’agit là d’un film de zombies, il faut avoir l’estomac bien accroché. Monstres horrifiques, corps amputés, giclements de sang – les ingrédients sont utilisés à outrance.

Mais le synopsis qui s’attache à décrire la première partie du film (un tournage vite envahi par des zombies) ne tient pas compte de la suite. Et la suite, justement, est plus intéressante que le début car elle relate la genèse du projet, une commande japonaise qui doit rester pas cher et décent. On dirait une formule cinématographique déjà testée et à reproduire indéfiniment : Hazanavicius ironise sur les effets pervers de l’industrie du 7ème art.

La mise en place de la fiction se mêle à la vie des personnages qui se trouvent d’emblée ou graduellement impliqués dans cette fiction. Romain Duris campe un réalisateur hystérique et impitoyable qui donne tout de lui-même. Bérénice Bejo joue sa femme qui se retrouve actrice malgré elle et ne connaît plus la frontière entre imaginaire et réel. Après bien des déboires et beaucoup d’hémoglobine, le dénouement met tout le monde d’accord. Sur une idée inspirée par une photo de famille, l’équipe de tournage forme une pyramide humaine qui procure la plongée finale sur une emblématique étoile de sang au sol.

Hazanavicius est un réalisateur cinéphile, on le sait. Avec Coupez !, il le démontre une nouvelle fois et s’en amuse. En s’appropriant les codes du film de zombies, il livre une farce caustique sur le monde du cinéma régi, en dépit des apparences, par l’urgence et l’improvisation, les revers et les imprévus. Même si le fil prend, par moments, des allures de jeu vidéo et qu’il provoque des rires dans la salle, il s’en dégage une certaine tendresse pour le cinéma et ses formats dérivés. Comme si Hazanavicius avait tout tenté pour faire oublier La nuit américaine de François Truffaut, mais n’y était pas parvenu.

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