ST.ART 2015, foire d’Art Contemporain au cœur de l’Europe. Bilan.

Antoine Spohr revient sur la ST.ART 2015 devenue un rendez-vous incontournable pour les amateurs de l'art contemporain.

Extrait de "Déjeuner sur l'herbe" de Remlinger - présenté par la Galerie Froessel. Foto: Galerie Froessel

(Par Antoine Spohr) – Bien sûr, en Europe il y a Bâle (Art Basel) avec 300 galeries et 70000 visiteurs, qui se veut le N°1 mondial ; bien sûr, il y a Paris (FIAC, Foire Internationale d’Art contemporain) au Grand Palais avec, pour la 42° édition en octobre dernier, 175 exposants et 74000 visiteurs ; bien sûr qu’en 20 ans on ne peut que difficilement rivaliser sur une zone de chalandise bien moindre démographiquement malgré la proximité des voisins allemands, mais quand même… Près de 100 galeries venues du monde entier, plus de 30000 visiteurs à Strasbourg l’an dernier et surtout une possibilité et une volonté d’expansion en profitant de l’expérience encore brève acquise dans les 19 éditions précédentes.

«Foire Européenne au cœur de l’Europe», voilà l’atout majeur que détiennent consciemment de nouveaux organisateurs ambitieux. De plus, dans le catalogue on trouve, une page d’accueil remarquable de Alain Fontanel, 1° adjoint au maire, sorte de préface-postface car il la consacre à l’événement présent tout y en assurant les organisateurs des faveurs de la Ville pour pérenniser ST.ART. N’oublions pas l’Eurométropole dont le seul nom implique des obligations aussi. Le président Robert Herrmann n’y verra pas d’inconvénient. Bilan 2015 : satisfaisant, mais peut et doit mieux faire.

Des très grandes galeries et des artistes mondialement reconnus. – Pour tout événement artistique comme pour toute autre production, il faut des produits d’appel, des vedettes, des stars pour ne pas être accusé de non-élitisme. Va donc pour une exigence de qualité, selon d’obscures critères souvent contestés d’ailleurs comme, en premier lieu, la valeur marchande des œuvres, leur prix puis leur nombre, la longévité de l’artiste ou sa disparition tarissant sa production, l’avis de la critique souvent ésotérique et partisane, souvent élogieuse ou assassine à bon ou mauvais escient et enfin la consécration par l’entrée dans les collections des musées.

En tout cas ST.ART existe et défend bien sa place internationale quels qu’en soient les critères. Les 24 galeries étrangères sont issues de 8 pays dont l’Espagne (7 dont celle de Maria Aguilar) et l’Italie (6 dont la galerie Forni de Bologne), l’Allemagne, la Belgique, le Japon, la Pologne, les Etats-Unis et même la Chine. On se doute qu’aucune d’entre elles n’était venue exposer des œuvres mineures à ses yeux. On appréciera.

Les stars reconnues et établies étaient présentées comme à l’accoutumée dans les galeries les plus connues : les Baselitz, Arman, Ernest Pignon Ernest, Christo, Erro, Eric Liot, Philippe Pasqua et même Picasso, et tant d’autres comme l’excellent Lopuszniak chez le fidèle Arnoux de Paris. La relève est là, à découvrir non seulement par les collectionneurs mais aussi par le grand public d’amateurs, acheteurs potentiels ou futurs collectionneurs. Il en est même qui arpentent les allées comme dans un musée éphémère. Qui sait ? Il faut bien commencer.

Une nouveauté : la photo et la vidéo. – En avant-première, un aperçu de la future expo 2016 à Paris, de Bettina Rheims, montre incontestablement que la photographie est un art à part entière. Des portraits extraordinaires de stars qu’elle a eu l’opportunité de rencontrer. Cette présentation très soignée doit inciter tous ceux que la photo et la vidéo intéressent, à visiter la Maison Européenne de la Photographie, 5/7 rue de Fourcy dans le IV° à Paris (21 000 photos des plus grands photographes de la planète).

On peut espérer, sans s’en prévaloir en exclusivité, car à Bâle on présente aussi cet art enfin reconnu et diffusé, que ST.ART continuera. Il y a quelques années, avec une dizaine de galeries, on s’y était fait une coquette spécialité des œuvres d’art en verre. Cette année, il ne reste plus que la galerie Perbet d’Annecy qui présente des œuvres magiques. Qu’elle persévère car le stand est tout un monde enchanteur ! Dommage.

Un coup de cœur pas tout à fait innocent. – Ici nous avons toujours rendu hommage au travail des «régionaux» tout à fait à l’aise dans cette Foire Internationale comme la Galerie Brûlé de Denis July, celle de Pascale Froessel (Remlinger en vedette cette année), l’Estampe et bien d’autres.

Osera-t-on considérer comme régionale compte tenu de la Réforme Territoriale contestée parfois en Alsace, cette courageuse et vaillante galerie venue du proche Bassin Houiller de Lorraine ? De Forbach précisément. C’est la Galerie de la TET DE L’ART que son originalité rend presque inclassable mais exceptionnellement intéressante en la circonstance. Les sculptures en bois de Jacques Pissenem, artiste –bucheron vosgien, amoureux de la nature en constitue une des œuvres maitresse. Trop modeste, le sculpteur ne tient pas à en dire plus. Il travaille.

Enfin, à côté des œuvres remarquables de Crusem et de Maache, les portraits de femme de Lysiane Beck, jeune peintre alsaco-lorraine, apportent une note de fraicheur réjouissante. Elles les aiment ses créatures, tendres, apaisées, douces et parfois sensuelles, très sensuelles. Elle les fait même parler par de discrètes inscriptions dans leur opulente chevelure comme des «fleurs de méninges» (Moustaki). Réjouissantes aussi dans des atmosphères urbaines plus complexes!

Anecdote. Pas loin, se trouvait un stand qui exposait une déclinaison techniquement réussie de portraits ou caricatures d’un vieillard dans différents états grimaçant sous la torture des ans. Réussis d’ailleurs mais déprimants en souhaitant qu’ils ne soient pas le reflet de l’âme du producteur, mais l’objet d’un exercice de style seulement. L’artiste ou le galeriste(?) a été blessé par la proximité réjouissante qui forcément effaçait ou atténuait la morbidité cynique(à la Cioran, avec moins de talent). Le pire c’est que, carrément publiquement, la dispute étant audible et ostensible par tous sans être bien loin, l’artiste-caricaturiste s’est permis d’insulter sa voisine considérant que son art à elle n’avait pas sa place. Boticelli non plus sans doute, à son avis. Un observateur attentif y a même vu une guerre régionaliste. Il exagère.

Extension, expansion certes mais sans dégâts. – Les «régionaux» ont leur place justifiée à tous égards à condition qu’on ne confonde pas galerie établie et stand éphémère pour un artiste sans galerie. Les Pascale Froessel (déjeuner sur l’herbe de Jean Remlinger), les Denis July (une photo de bonzaï), l’Estampe et quelques autres doivent peut-être quelques égards à ST.ART mais c’est réciproque évidemment.

Sans préjugés, les vrais accueilleront sans doute une expansion élitiste avec joie, encore faut-il savoir ce que cela veut dire. On fait confiance à Alain Fontanel pour faire respecter ce principe.

4 Kommentare zu ST.ART 2015, foire d’Art Contemporain au cœur de l’Europe. Bilan.

  1. /Users/antoine/Desktop/ FEMME DE LYSIANE BECK.jpg/
    Users/antoine/Desktop/ATMOSPHÈRE DE LYSIANE BECK.jpg
    /Users/antoine/Desktop/thumb_Denis July_ par l’artiste.jpg/
    VOIL0 trois liens pour mieux vir la production de nos artistes.

  2. Ci dessus lire avec lunettes : trois liens pour voir les oeuvres de Lysiane Beck et de Denis July.

  3. bonjour

    j’aimerais vous envoyer les photos que monsieur Spohr souhaite ajouter à l’article
    merci de m’indiquer la démarche à suivre
    Lysiane

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