Strasbourg : ouvert, fermé, valorisé – le Consulat Général des Etats-Unis a 150 ans !

Alain Howiller rend hommage au Consulat Général des Etats-Unis qui célèbre les 150 ans de sa présence dans la capitale européenne.

Une longue histoire lie les Etats-Unis et l'Alsace. Foto: Jacobolus / Wikimedia Commons / PD

(Par Alain Howiller) – L’histoire n’a guère été évoquée : il est vrai que ce n’était, peut-être ni le moment, ni le jour !… Pourtant en Mars 1987, la décision était tombée : le Consulat Général des Etats Unis -dont on fêtait l’autre jour les 150 années d’existence- devait fermer avant la fin de l’année : la mesure avait été prise par le Congrès US dans le cadre d’un plan d’économies drastiques. Et si, finalement, le Consulat Général a pu être «sauvé», c’est parce que l’annonce de sa fermeture avait déclenché une exceptionnelle mobilisation dans l’ensemble de la région.

En dehors de l’histoire des liens entre l’Alsace et les Etats-Unis, de nombreux facteurs avaient, alors, joué en faveur de la remise en cause des projets d’économie du Congrès : la manifestation de dizaines de tracteurs défilant devant le consulat pour réclamer son maintien, la démarche personnelle effectuée, à Washington, par le Maire de l’époque (Marcel Rudloff), le souvenir aussi de l’accueil que le Président Ronald Reagan et son épouse avaient reçu, prés de deux ans plus tôt, lors de leur visite en Alsace. Le président américain avait prononcé un discours devant le Parlement Européen, le 8 Mai 1985, à l’occasion des 40 ans de la victoire sur le nazisme ; il en avait profité pour visiter Strasbourg et l’Alsace.

Racines alsaciennes pour Barack Obama !… – C’est France Jane Hartley, ambassadrice des Etats-Unis à Paris, accompagnée de Amy Westling, consule générale US à Strasbourg qui ont eu l’occasion de se souvenir de la longue histoire de leur consulat lorsqu’elles ont été accueillies à la Mairie strasbourgeoise par Nawel Rafiki-Elmrini, adjointe chargée des relations internationales à la municipalité de la métropole alsacienne. Si le premier consul américain -Edward Robinson- a été nommé, au lendemain de la Guerre de Sécession, le 26 Avril 1866 à Strasbourg et si «son» consulat s’est ouvert au public le 15 Août de la même année, l’histoire des relations entre la France et les Etats-Unis s’est en fait engagée bien plus tôt.

«Les liens ont été forgés en pleine révolution près d’un siècle avant que le Consulat américain n’ouvre ses portes au coeur de l’Europe», écrit Barack Obama dans un courrier adressé au personnel du consulat à l’occasion des 150 ans d’existence d’une «institution» implantée dans une ville que le Président américain connaît depuis le sommet de l’OTAN d’avril 1999 ! Sans oublier que le Président américain aurait quelques liens familiaux avec l’Alsace : selon un généalogiste allemand -Adams Restwiesner- il descendrait par sa mère -Stanley Ann Dunham- d’une famille (Christian Gutknecht -qui deviendra Goodknight- et Marie-Madeleine Grünholtz) originaire de Bischwiller qu’ils ont quitté en 1740 pour la Pennsylvanie !

Ces Alsaciens qui ont fait l’Amérique ! – Dans l’histoire franco-américaine, l’Alsace a joué -qui le sait ?- un rôle particulier. Le premier «ambassadeur» français auprès de Benjamin Franklin avant que les Etats-Unis n’aient conquis leur indépendance, avait été le Chevalier Conrad Alexandre Gérard de Rayneval – originaire de Masevaux, il était arrivé le 12 Juillet 1778 à Philadelphie ! 400 Alsaciens recrutés par le Comte Christian de Deux Ponts, dont l’hôtel -Place Broglie- était l’actuelle résidence strasbourgeoise du gouverneur miliaire, pour son régiment baptisé «Royal Deux Ponts», ont participé à la bataille de Yorktown qui a été décisive pour l’Indépendance américaine. Sans oublier les nombreux colons alsaciens qui se sont installés et qui ont créé des villes, des villages (dont ceux créés dès le XVIIe siècle par les mennonites -Amish- en Pennsylvanie ou encore la fameuse Castroville, appelée «la petite Alsace» au Texas). Ils y ont souvent fondé des entreprises (à commencer par le mulhousien Wilhelm Boing qui fonde… Boeing) et fait carrière en politique, dans la conquête spatiale, dans l’armée.

Le Consulat américain de Strasbourg n’a, évidemment, pas pu échapper aux vicissitudes de l’Histoire franco-allemande de l’Alsace : fermé le 21 octobre 1871, après la défaite française, il se transforme en agence consulaire à Kehl le 18 Mai 1872, se ré-installe à Strasbourg le 17 Juillet 1919 pour fermer à nouveau en Septembre 1939 et ré-ouvrir dans la capitale alsacienne le 23 Mars 1946 comme simple consulat avant devenir «consulat général» en 1966 ! Ces «péripéties» ont été accompagnées par pratiquement autant de déménagements à travers plusieurs quartiers de la ville, avant que le consulat ne trouve, en 1952, son lieu de résidence actuel Avenue d’Alsace.

Consulats de Turquie et de Chine Populaire. – Il participe au rayonnement international de la capitale européenne : il fait partie des 54 représentations diplomatiques auprès du Conseil de l’Europe et des 40 représentations consulaires présentes dans la ville. S’il a été mis récemment un terme aux activités «ès qualité» du consulat général de Belgique (qui reste présent au niveau diplomatique auprès du Conseil de l’Europe), plusieurs sections consulaires se sont installées à Strasbourg : au titre de l’Inde, de la Lituanie, des Philippines, de la Mongolie, du Tchad. Alors que le consulat du Maroc va s’installer dans de nouveaux locaux mieux adaptés et plus prestigieux, la construction des bâtiments du nouveau consulat général de Turquie avance rapidement (4 bâtiments dont 3 sur socle commun parés de grès des Vosges et de céramiques turquoises d’Iznik). Il s’est installé Quai Jacoutot, le long du canal, à quelques pas du Conseil de l’Europe, du Parlement Européen, de la Cour Européenne des Droits de l’Homme et du «Lieu d’Europe».

L’achèvement des travaux de construction est prévue avant fin 2017. La municipalité attend la présentation du projet remanié de construction (dans le quartier de la Robertsau) du nouveau Consulat Général de Chine Populaire : le projet devrait être présenté encore ce mois.

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