Suède : quel score pour l’extrême-droite aux législatives ?

Dans deux semaines, le 9 septembre, se tiendront les élections législatives. On prédit un score très élevé pour le parti d’ extrême-droite, qui curieusement, s’intitule : les Démocrates Suédois.

Ne lâchons pas les loups de Skansen ! Foto: Onésime / Wikimédia Commons / CC-BY-SA / 3.0Unp

(MC) – Ces élections représenteront un test important pour la société suédoise. Le pays se porte bien ; l’économie est plutôt florissante. Le chômage est à son plus bas niveau depuis 2008, la croissance devrait être à 3 % cette année. Mais la restructuration et les zigzags sociaux de la social-démocratie – qui n’a pas toujours mérité cette belle appellation – ont produit des effets délétères près des bois et des guérets ; la politique sociale suédoise n’est plus ce qu’elle était, les inégalités sociales se sont  nettement aggravées, et beaucoup d’ entreprises ont fermé ; maternités et écoles aussi ferment un peu partout, dans les campagnes surtout.

Mais par dessus le… marché, la Suède est l’un des pays qui a le plus généreusement accueilli les migrants depuis 2015 : 300 000 demandeurs d’asile pour une population d’à peine 10 millions d’âmes. Et comme partout ailleurs en Europe, la gauche paie son désintéressement et sa générosité dans les urnes. La droite prédisait le chaos : il n’en a rien été. Certes, les débuts ont été difficiles : où loger un tel nombre d’êtres humains ? Mais le royaume s’en est très bien tiré. Reste cependant le problème de l’intégration… Un fait divers malheureux a beaucoup blessé les esprits en avril dernier : un moustachu d’origine ouzbèke, auquel on avait refusé l’asile, a tué 5 personnes à Stockholm en lançant son camion contre les passants, comme à Nice voici 2 ans. Peine perdue : les autorités ont continué à lui refuser l’asile. Et voilà que monte l’extrême-droite, comme une grenouille-baromètre sur son échelle.

Les Sverigedemokraterne sont issus du mouvement néonazi, plutôt important dans le pays depuis plusieurs décennies. Comme le FN français, il est maintenant engagé dans l’électoralisme, et cherche à présenter un visage respectable aux citoyens-sujets du royaume. Anti-migrants et anti-européen, le parti jouera au maximum la carte de la protestation et du populisme. Selon la plupart des prévisions parues dans la presse, les SD feront presque 20 % des voix…

Les SD, dont l’emblème est une anémone bleue, ont recueilli 13 % des voix en 2014, et permis ainsi à l’un de ses militants d’occuper le poste de vice-président du Parlement. Björn Söder a beaucoup progressé depuis lors grâce à son étude de Mein Kampf, semble-t-il, puisqu’il déclarait cette année que les juifs de Suède n’appartenaient pas à la nation suédoise ! Les discours du chef, Jimmy Åkesson, un personnage par ailleurs peu charismatique, attirent ceux qui souffrent de la crise et du désengagement (relatif) des sociaux démocrates, notamment les jeunes et les couches marginalisées par la désindustrialisation .

Le Parti ouvrier social démocrate reste le plus grand parti du pays ; mais jamais depuis 1930 il n’avait enregistré d’aussi mauvaises intentions de vote – 25 % environ. Son dirigeant, Stefan Löfven, est un métallo monté dans les instances suprêmes à force de militantisme syndical et de travail politique. A côté de lui et le marquant au corps, les Modérés de la droite, crédités sensiblement du même poids électoral.

Comme à peu près partout ailleurs en Europe, on peut craindre essentiellement deux choses : d’une part, que la droite modérée se mette à palabrer avec les SD et à marchander ses voix ; ou bien à essayer, comme la droite française, de désamorcer la bombe populiste en reprenant les ressentiments et les revendications miasmeux de ce rejeton du fascisme. Mais d’autre part, et ce serait pire, on peut craindre une reprise par la gauche du populisme anti-immigrés : ce qui se fait à cette heure même, et depuis plusieurs années déjà, chez les sociaux-démocrates du Danemark, et d’une manière particulièrement indigne. Et aussi en Allemagne depuis ces  toutes dernières semaines, dans le mouvement créé par Sarah Wagenknecht, hélas ! Fi donc.

Les résultats du 9 septembre prochain sont donc à observer de très près, puisqu’ils manifesteront tous les symptômes de la crise européenne actuelle : montée des inégalités sociales sous le prétexte de l’efficacité économique (ce qui est faux) ; montée conjointe de l’exaspération anti-immigrés. Et, last but not least, l’aplatissement gravissime de l’encéphalogramme dans la gauche démocratique (et non démocratique aussi, mais dans ce cas, cela relève largement du folklore).

Espérons donc que la Suède ne deviendra pas un maillon supplémentaire de la chaîne populiste en Europe. Pour cela, il faut que la social démocratie se renouvelle, comme l’a bien dit un grand ancien, Göran Persson. Et il faut que la droite montre son attachement à la démocratie.

 

 

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