Sur la piste de la lipofuscine

A Porto, l’équipe du professeur Luis Oliveira, associée à d’autres instituts de recherche, travaille au diagnostic du cancer colorectal.

D’un développement lent et longtemps asymptomatique, le cancer colorectal peut essaimer vers d’autres organes, dont le foie. Foto: Cancer Research UK / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Le département de physique de l’Institut Supérieur d’Ingénierie de Porto (ISEP) développe un axe de recherche pour le diagnostic du cancer colorectal. Dans une communication adressée à l’agence de presse portugaise Lusa, le professeur Luis Oliveira en donnait quelques détails mi-avril.

Comparant les propriétés optiques de la muqueuse rectale de sujets sains et de sujets atteints de cancer colorectal, son équipe a constaté que les contenus sanguins des deux types de tissus n’avaient pas les mêmes spectres. D’où l’hypothèse de la présence dans les tissus, d’un composé chimique faisant filtre ou écran. Les recherches de l’équipe du professeur Oliveira se sont alors orientées vers la lipofuscine, un pigment dit d’usure, que l’on retrouve dans plusieurs organes.

La lipofuscine, produite par l’oxydation d’acides gras insaturés, est symptomatique des lésions cellulaires. Composé de protéines oxydées et de lipides, ce pigment jaune-brun se retrouve dans l’organisme en quantité anormale dans de nombreuses maladies dégénératives. Son accumulation dans le colon, est à l’origine de la mélanose colique, une pathologie par contre bénigne. Mais sa concentration dans les tissus cancéreux est plus importante que dans les tissus sains, et, selon le professeur Oliveira, elle croit avec le développement de polypes cancéreux.

Son équipe va prochainement s’atteler à l’étude des différents stades du cancer colorectal, afin de déterminer précisément le taux de lipofucine pour chacun. Ceci afin de réaliser des indicateurs techniques, permettant via des procédés non-invasifs, de diagnostiquer et de suivre l’évolution de ce cancer. Les travaux réalisés jusqu’ici, sont le fruit d’une collaboration avec les équipes des professeurs Rui Henrique de l’Institut Portugais d’Oncologie (IPO-Porto) à Porto, et Valery Tuchin de l’Université d’État de Saratov, en Russie.

Par ailleurs et toujours sur la piste de ce pigment, le professeur Oliveira a soumis une demande à la Fondation pour la Science et la Technologie (FCT), afin d’étudier sa présence dans les cancers du foie et du rein. A terme, ces travaux aboutiront à un procédé technique permettant sans biopsie, de diagnostiquer et d’évaluer la progression ou de la régression de la maladie.

Le cancer colorectal représentait 17,4% des cancers diagnostiqués au Portugal en 2020, arrivant au quatrième rang derrière ceux du sein de la prostate et du poumon. Il est l’un des plus fréquents en France, et touche annuellement plus de 43.000 personnes provoquant 17.000 décès. Sachant qu’il est issu à 80% d’une tumeur dégénérant lentement, les recherches sur la lipofuscine devraient rendre l’exploration endoscopique encore plus performante, et donc le diagnostic plus précoce.

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