Sus à ces abominables nantis !

Fin de l’abondance, des évidences et de l’insouciance, notamment pour ces affreux nantis que sont les retraités.

Les retraités - des nantis qu’il faut obliger au carême perpétuel ! Foto: Dezidor / Wikimedia Commons / CC-BY 3.0

(Jean-Marc Claus) – Vendredi, jour maigre et donc de consommation de poisson(s), est synonyme de pénitence dans la tradition de plusieurs confessions chrétiennes. Toujours dans cette même tradition, le Mardi Gras précède le Carême or, le monarque-président dont le trône ressemble de plus en plus à la pointe d’un cure-dent, avait en grand visionnaire annoncé, il y a maintenant plus de deux ans, la fin de l’abondance, des évidences et de l’insouciance.

Grâce soit rendue à ce télévangéliste du Kapital et admirable tartufe de l’en-même-temps, pour cette annonce ne touchant que les classes laborieuses, mais surtout pas son train de vie, ainsi que celui de sa smala de gens dépourvus d’histoire et de principes, qui pour la plupart, n’ont jamais travaillé. Et puisqu’on parle de nantis, il en est une catégorie que le gouvernement Barnier et bien d’autres avant lui, veulent faire cracher au bassinet. Quoi de plus normal quand un gouvernement ment comme un arracheur de dents !

Ces abominables nantis sont les retraités, dont il est question pour les plus avantagés, de geler l’indexation de leurs pensions sur l’inflation au mois de juillet et non en janvier. Soit une économie substantielle, pour un budget austéritaire causé par sept années d’incurie macrono-lemairienne. Quoi de plus normal, psalmodient les économistes libéraux, puisque les retraités ont dans ce pays un niveau de vie supérieur à bien des actifs, sans jamais se questionner sur le pourquoi du niveau de vie inférieur de beaucoup d’actifs au regard de celui de certains retraités.

Toute cette mascarade gouvernementale poursuit plusieurs buts. D’abord celui immédiat de faire des économies, et comme d’habitude, toujours sur le compte des classes moyennes, qu’il convient de faire glisser vers la précarité. En les conduisant par déclassement, à voter pour les extrêmes, elles perdent du poids sur l’échiquier électoral, mais ce calcul à courte vue est aussi inopérant que la dernière dissolution de l’Assemblée Nationale.

Autre but chéri par les libéraux, ultra et néo confondus, et que la gouvernance barniero-macroniste fait sien : anéantir, en prétextant le défendre, l’héritage du Conseil National de la Résistance (CNR) qui aujourd’hui plus encore que par le passé, n’a absolument rien d’obsolète. La retraite est le versement d’un salaire différé, non une prestation sociale, et les cotisations sociales versés tant par les employeurs que les salariés, ne sont pas des charges !

Or, la doxa libérale veut ramener les retraites à de simples prestations sociales versées généreusement par l’État, et les cotisations sociales qui entre autres les financent, à des charges insupportables qu’il faut absolument alléger. Ceci sans jamais remettre en question le poids de la financiarisation galopante de l’économie, sur le budget du pays. L’hégémonie culturelle visée, pour se placer dans une perspective gramscienne, consiste notamment en opposant actifs et retraités, à faire admettre que ces derniers sont des assistés, alors qu’ils ont cotisé durant toute leur vie active.

A l’instar de l’explosion du paysage politique, parfaitement réussie par le président des ultra-riches durant son septennat, l’implosion de la société est en marche. Il faut que tout change pour que rien ne change, avec un champ lexical se réduisant à une novlangue faisant de l’être humain un objet de profits, jetable si tôt qu’il coûte plus qu’il rapporte. La pression mise sur les retraités, n’est autre qu’une des nombreuses facettes de ce prôôôjet.

Ah et puis, juste comme ça, qu’en est-il des retraites des anciens présidents et anciens ministres ? Pour les ex-présidents, outre de nombreux avantages, en 2021, ils percevaient mensuellement entre 5.496,71€ et 6.227,73€ brut, versés dès la fin du ou des mandats… sans condition d’âge. Emmanuel Macron sera donc, au plus tard en 2027, un très jeune retraité sans avoir pour autant travaillé à la SNCF ! Quant aux ministres dont les premiers d’entre eux, s’ils ont de surcroît été parlementaires, leur sort à leur cessation d’activité, n’a rien de misérable. Bon appétit, messieurs !

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