SVB – il est beau, le capitalisme…

La Silicon Valley Bank (SVB) vient de fermer et dans la foulée, aussi la Signature Bank à New York. Mais ceux qui ont causé ce désastre financier, partent avec une belle prime...

Finie, la SVB, comme ici à Tempe, Arizona... Foto: Tony Webster / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Le monde de la grande finance est actuellement secoué par la fermeture de la Silicon Valley Bank (SVB), la 16e banque américaine qui, malgré un chiffre d’affaires de 209 milliards de dollars, ne pouvait plus honorer les affaires courantes. Spécialisée dans le financement de start-ups, la SVB avait profité des intérêts extrêmement bas, parfois même à taux 0, mais lorsque le gouvernement avait augmenté les intérêts, les obligations dans lesquelles la SVB avait investi l’argent déposé par ses clients, perdaient rapidement de leur valeur et la banque perdait des milliards de dollars. Face à cette évolution, de nombreux clients de la SVB voulaient retirer leur argent et c’est ainsi que la banque s’est retrouvée en cessation de paiement. Mais avant que la banque ne ferme définitivement, les responsables avaient la délicatesse de se payer des boni et primes (!), arguant que ces boni étaient dus pour l’année 2022. On croit rêver.

Et on pense, bien sûr, à 2008 et la crise mondiale causée par le collapse de Lehman Brothers et d’autres dans le sillage de Lehman. Mais cette fois, les responsables de la SVB ne reçoivent pas seulement des boni et primes (pour avoir ruiné leur banque?), mais aussi l’aide de l’état américain qui va garantir les avoirs des clients de la SVB, pour éviter qu’un grand nombre de start-ups prometteuses ne se retrouvent également en état de cessation de paiement, malgré qu’elles tournent bien. Mais aux Etats-Unis, il est habituel que les salaires soient payées toutes les deux semaines, les délais de paiement pour les fournisseurs sont également plus courts qu’en Europe. Donc, il fallait réagir rapidement et l’état garantit donc les avoirs à la SVB jusqu’à 250.000 dollars. Mais cela ne suffira pas et personne ne sait comment la situation va évoluer.

Pendant que les Français manifestent contre l’extension de leur temps de travail, on comprend qu’il vaudrait mieux être banquier. C’est étonnant que le fait de ruiner une banque qui théoriquement travaille avec des milliards, vaut encore des primes et boni. Dans la « vie réelle », quand on ruine l’entreprise où on est salarié, on ne touche pas des primes et boni quand on se fait virer. Mais dans le capitalisme des marchés financiers, on se voit même récompensé pour des contre-performances.

Aux Etats-Unis, les autorités essayent de contenir ce scandale, de peur que la crise de 2008 puisse se reproduire. Au niveau mondial, une grande nervosité s’installe. La filiale allemande de la SVB a été mise à l’arrêt, comme dans d’autres pays. Le fait qu’une autre banque, la Signature Bank à New York, ait également été fermée par les autorités, laisse craindre le pire.

C’est ce paiement de primes et boni qui montre que le capitalisme dans sa forme actuelle touche à sa fin. Comment expliquer à un ouvrier dont l’employeur dépose le bilan, qu’il tombe dans la précarité, pendant qu’un manager d’une banque ayant brûlé des milliards de dollars, touche un parachute doré ? Il conviendrait de stopper les « marchés financiers » qui aujourd’hui, sont un casino géant où des boutonneux qui s’adonnent au cocaïnisme, gagnent et perdent des sommes astronomiques qui elles, manquent à l’économie réelle.

Déjà les prochains jours, on verra l’impact de la SVB sur les marchés financiers en Europe et ailleurs. En tout cas, sauver pour la nième fois des banques, ne fonctionnera pas éternellement. Il est grand temps de remplacer ce casino corrompu par un système financier sous contrôle public. Mais malheureusement, il faudra probablement attendre que ce système soit balayé par la colère des peuples.

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