Tags racistes et xénophobes – un début de réponse

Lors d'une conférence avec les enseignants de la Faculté de Droit de Strasbourg Chantal Cutajar et Quentin Urban, les participants ont élaboré des réponses possibles.

Chantal Cutajar et Quentin Urban avaient invité à une conférence sur les tags racistes et xénophobes apparus à la Fac de Droit à Strasbourg. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Il y a quelques jours, des tags racistes et xénophobes sont apparus à la Faculté de Droit de l’Université de Strasbourg. Indignation. La même indignation que lors de la découverte de tags similaires sur des mairies, des maisons d’élus, dans des cimetières. Tout le monde s’indigne. Mais cette indignation restera stérile si elle n’est pas suivie d’actions. Lors d’une conférence avec Chantal Cutajar et Quentin Urban, tous deux (entre autres) enseignants à la Faculté de Droit de Strasbourg, les participants ont dressé un état des lieux et tenté d’élaborer des solutions.

Est-ce que ces tags récurrents sont banalisés dans les médias ? Les participants de cette conférence au FEC à Strasbourg estiment que oui. Au point qu’ils proposent de s’adresser au CSA (Conseil Supérieur de l’Audiovisuel) pour réclamer une meilleure couverture médiatique de ce genre d’événement. Si on comprend l’irritation quant à une couverture médiatique faible, on peut aussi se poser la question pourquoi le Doyen de la Faculté n’a pas fait parvenir un communiqué de presse aux médias, prenant clairement et fermement position par rapport à ces manifestations de haine.

Education et réseaux sociaux. – Si le constat des deux intervenants était clair, désignant ces actes d’appels à la haine et in fine, à la violence, méritant de lourdes sanctions comme la privation de liberté, l’ensemble des participants était d’accord sur un point : le problème de la haine qui s’est installé dans la société, du communautarisme et de l’extrémisme, commence au niveau de l’éducation. Que ce soit dans les familles ou à l’école, l’éducation civique semble passer à côté de la transmission des valeurs fondamentales de la République et en particulier, du concept de  la« fraternité » pourtant inscrite dans la devise de la République. L’une des propositions émanant de cette conférence est d’enrichir les cours d’éducation civique d’un grand volet sur la fraternité et les réalités de notre société d’aujourd’hui.

De plus, il conviendra d’utiliser les outils qui font partie intégrante du quotidien de la jeunesse, en première ligne les réseaux sociaux. Sur ces plate-formes, on ne lit que rarement des messages positifs ou des récits encourageants, mais au contraire, des scandales à répétition qui conduisent à une sorte de saturation au niveau des lecteurs et lectrices – et cette saturation mène vers la banalisation de ces actes graves qui se noient dans le flux de l’information.

Et – il faut faire appel à la responsabilité du monde politique et ce, à tous les niveaux. – Elus locaux, régionaux, nationaux et européens, les institutions, les administrations doivent se retrouver dans une lutte pour plus de fraternité, pour une renaissance des valeurs de la République qui sont tout sauf dépassées. Dans un monde dirigé par l’argent et la concurrence à tous les niveaux de la société, il faut ressusciter ces valeurs qui elles, garantissent un vivre-ensemble paisible.

A Chantal Cutajar de rappeler la seule « arme » pour combattre ces actes odieux : le Droit. Puisque ces tags ne constituent pas un « petit délit », mais créent les fondements pour des actes encore plus grave, semant en même temps l’insécurité et la peur au sein de la société, il convient d’utiliser toute la puissance de la Loi pour sanctionner ces actes.

Et puisque ces tags avaient été découverts sur les murs et à l’entrée de la Faculté de Droit, il incombe au Doyen de cette faculté de se positionner de manière audible. Bien entendu, lui aussi est choqué par ces actes ; mais pourquoi ne pas avoir organisé une conférence de presse en dénonçant ces agissements, en invitant les autorités à mener une enquête sérieuse et à intensifier l’effort dans les enquêtes contre ces groupes d’extrême-droite qui en plus, sont connus des autorités ? On ne pourra plus taire cette montée de la haine, ces actes de vandalisme, ces tentatives d’intimider la population.

L’initiative de Chantal Cutajar et de Quentin Urban d’organiser un débat public autour de ces questions est louable. Non, il ne faut pas baisser le regard, non, il ne faut pas commencer à raser les murs – il faut s’organiser et combattre cette haine qui, telle un brouillard dense, tente de s’installer partout. Espérons que cette excellente conférence ne sera que le début d’une série de ce genre de manifestations – la lutte contre la haine ne pourra être menée que si elle se passe régulièrement dans ce genre de format public, car elle concerne tous les acteurs de la société. Lançons donc ce message clair à destination des extrémistes racistes, xénophobes et identitaires : « no pasaran, pasaremos ! »…

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste