Tartufe au Portugal

Le maire d’Ourém appelle les Portugais de la Diaspora à rentrer au pays. Oui, mais...

Ourém, the place to be ! Foto: Vitor Oliveira / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Comme le rapportait il y a peu le Lusojornal, Luís Miguel Albuquerque (PSD), le maire d’Ourém, municipalité du centre du Portugal comptant 18 paroisses civiles (freguesias) et notamment jumelée avec Le Plessis-Trévise dans le Val-de-Marne, invite les émigrés (emigrantes) à revenir au pays. La commune a techniquement atteint le plein-emploi (pleno emprego), et elle accueillera à Fátima en décembre, une rencontre des investisseurs de la diaspora organisée par le Secrétariat d’État aux Communautés Portugaises.

La municipalité compte 45.000 habitants et son taux de chômage est de l’ordre de 1,5%. Autant dire alors que le terme de plein-emploi, n’a absolument rien de surréaliste ou de prétentieux. La commune connût ses plus forts taux d’émigration dans les années 1960 et celles qui ont suivi 2013, lorsque la Troïka (CE-BCE–FMI) s’est attaquée violemment au Portugal.

Dans son analyse, Luís Miguel Albuquerque encensait Pedro Passos Coeho (PSD), Premier Ministre de 2011 à 2015 qu’il jugeait courageux, alors qu’il était aux ordres de la Troïka. Mieux que cela, oubliant carrément le basculement du pays en 2015 d’un gouvernement de centre-droite (PSD) à un gouvernement de gauche (PS) qui lui permet depuis de sortir progressivement de l’austérité mortifère, le Presidente da Câmara Municipal de Ourém appelait à une renaissance du PSD, car le pays en aurait selon lui besoin. Ce qui, par contre, est là carrément surréaliste.

Quant à inciter les « emigrantes » à rentrer au pays, en juillet 2019, le XXIe Gouvernement Constitutionnel dirigé par António Costa, qui en est actuellement à son troisième mandat, a lancé le programme Regressar. Verbe que l’on peut traduire par revenir ou retourner. Ce programme qui s’est appliqué jusqu’au 31 décembre 2020, avait initialement pour but de pallier au déficit de main d’œuvre. Doté d’un budget de 10 millions d’euros, il permettait d’obtenir entre autres des aides individuelles personnalisées.

Alors que la situation économique était en voie d’amélioration, un gouvernement de gauche a lancé une opération ayant pour slogan « É hora de voltar a casa » (Il est temps de rentrer à la maison). Maintenant qu’elle est vraiment meilleure, un maire encarté centre-droite fait du buzz avec le « pleno emprego » (plein-emploi) dans sa commune. Il invite les « emigrantes » (émigrés) à revenir (regressar), mais quelles sont les « ajudas » (aides) qu’il leur propose ?

« Capa aquele peito que não consigo ver. Por tais objectos as almas ficam feridas, e isso traz pensamentos de culpa. » (Couvrez ce sein que je ne saurais voir. De tels objets blessent les âmes et provoquent des pensées de coupables. – Le Tartufe, Acte III, Scène 2, Molière 1669).

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