Taxez ce livre que je ne saurais voir !

Le président Macron souhaite taxer le marché du livre d’occasion - une fausse bonne idée.

Lors de leurs sorties en public, le couple Macron fait montre d’une grande cohésion ! Foto: President.gov.ua / Wikimedia Commons / CC-BY 4.0int

(Jean-Marc Claus) – Lors d’un bref passage au Festival du Livre de Paris, qui se tenait du 12 au 14 avril, le président Emmanuel Macron accompagné de son épouse, qui fut professeure de lettres, a annoncé la mise en place d’une contribution sur le marché du livre d’occasion. Ceci afin d’éviter que soit contournée, la loi relative au prix unique du livre neuf. Un texte datant de 1981, appelé aussi « Loi Lang », ayant pour buts de limiter la concurrence, protéger la filière et développer la lecture.

Une disposition légale qui n’est pas du goût de tout le monde, notamment des tenants d’un certain ultralibéralisme, dont le président Macron est un adepte sous couvert « d’en même temps ». Mais le prix unique du livre faisant maintenant partie de l’ADN français, il est impensable de s’y attaquer. Par contre, s’en prendre au marché de l’occasion, en le taxant alors que par ailleurs, le président s’oppose à toute hausse d’impôt, ça, c’est possible. Possible et même normal, car procédant du désormais habituel « en même temps », qui prend aux pauvres pour donner aux riches.

Les cabinets de consulting et autres chevaux de Troie du capitalisme financier, évaluent le marché du livre d’occasion à 888 millions d’euros et celui du livre neuf à 4,3 milliards d’euros. Représentant environ 17% du marché total, celui du livre d’occasion peut donc s’avérer payant en terme de taxation. Ainsi, n’est-il pas étonnant que tout en disant de la lecture « C’est ce qui vous permet d’avoir accès à un savoir et à une sensibilité », Emmanuel Macron défend les intérêts de grands groupes d’édition, en taxant les gens modestes qui achètent des livres sur le marché de l’occasion.

Il pourrait sembler particulièrement surprenant que Brigitte Macron, qui fut professeure de lettres, ne pipe mot. Sa jeunesse dorée à Amiens ne l’a peut-être pas amenée à fréquenter les boutiques de livres d’occasion. Blague à part, il est affligeant de constater que la Première Dame ne défende pas l’accès à la lecture pour tous et donc à la culture. Ce qui, au regard de son passé professionnel, serait tout de même le minimum syndical, mais n’est pas Claude Pompidou ou Danielle Mitterrand qui veut !

Taxer le marché du livre d’occasion, égalité devant la loi oblige, reviendra aussi à imposer les bourses aux livres et peut-être même le rayon librairie d’associations caritatives telles que Les Compagnons d’Emmaüs. Comme le disait Alphonse Allais : « Il faut prendre l’argent là où il se trouve : chez les pauvres. D’accord, il n’en ont pas beaucoup, mais ils sont si nombreux ! ». Fort avec les faibles et faible avec les forts, telle est la marque de fabrique du pouvoir macronien. S’il a, durant son adolescence, bénéficié des cours de théâtre de celle qui devint son épouse, Emmanuel Macron est aujourd’hui un bien piètre comédien : plus personne n’accorde vraiment de crédit à sa parole et il est possible de lire en lui comme dans un livre ouvert.

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