TC, une autre voix du catholicisme français

Témoignage Chrétien, hebdomadaire catholique auquel les grands médias commencent enfin à donner un peu la parole, est entré en résistance depuis bien longtemps.

A l’image la chapelle d’Arbouans, Témoignage Chrétien s’inscrit dans la modernité et se détourne d’un décorum aux antipodes des valeurs chrétiennes initiales. Foto: Sacamol / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Jean-Marc Claus) – La publication du rapport Sauvé suivie des hallucinants propos d’Éric de Moulins d’Amieu de Beaufort, présidant la Conférence des Évêques de France (CEF), à propos du secret de la confession prétendu plus fort que les lois de la République, et la polémique qui en a découlé, ont au moins eu le mérite de faire émerger dans le débat, une voix jusqu’ici peu audible. Porté entre autres, par la rédaction de l’hebdomadaire « Témoignage Chrétien », le discours progressiste existe bien au sein du catholicisme français.

Créés en 1941 à Lyon, « Les Cahiers du Témoignage Chrétien » diffusés alors clandestinement, font sous le titre actuel « Témoignage Chrétien », partie des derniers journaux nés de la Résistance encore diffusés aujourd’hui. Créée par un groupe de jésuites, de laïcs et de protestants, cette publication entendait lutter contre le totalitarisme hitlérien. Parmi eux, le prêtre jésuite Pierre Chaillet qui dirigea la rédaction jusqu’en 1957, fut déclaré par l’Institut Yad Vashem « Juste Parmi les Nations ».

La résistance promue au temps des Cahiers du Témoignage Chrétien, demeure pour l’actuel Témoignage Chrétien, intellectuelle et spirituelle. Ce qui ne dispense pas ses acteurs d’actions concrètes, comme le rappellent leurs faits de résistance reconnus par l’Histoire et la liste de ceux qui, de 1941 à 1944, ont perdu la vie suite à leur engagement. Mais par résistance intellectuelle et spirituelle, les créateurs de cette publication, tout autant que leurs actuels successeurs, entendaient effectuer un travail en profondeur.

Pour donner dans la métaphore, on pourrait dire que bouter l’ennemi hors de France ne suffit pas, car il faut aussi neutraliser le poison de sa doctrine mortifère dans notre discours et notre pensée, pour ne pas dire notre inconscient collectif. Ce qui, très longtemps sous couvert de réconciliation après quelques purges expresses, a été soigneusement évité en France, permettant aujourd’hui à l’extrême-droite, de s’inviter dans tous les débats et même de bénéficier d’un open bar dans certains médias très suivis.

A propos de plusieurs thématiques actuelles, comme par exemple le Mariage Pour Tous, l’homoparentalité, l’accès des femmes aux fonctions sacerdotales, Témoignage Chrétien ne s’est pas seulement positionné à l’avant-garde, mais porte une réflexion. Or réfléchir, prendre du recul, comparer, analyser, émettre des hypothèses et en accepter la validation ou l’invalidation par l’expérience, rien de cela n’est possible pour les esprits étriqués, tant des fondamentalistes que des traditionalistes de tous crins.

Ces dernières semaines, certains de ses rédacteurs étaient invités par certains grands médias, mais un scandale chassant l’autre, cela ne durera pas. Une presse qui court en permanence derrière l’actu, ne traite pas de l’actualité. Elle rabaisse le métier de journaliste, à celui d’animateur vedette d’émissions de télévision à clash continu. Ainsi, tout le monde l’a dans l’Baba, pourrait-on dire, histoire de mieux préciser les choses.

Demain, nous consacrerons ici, un article à l’une des plumes de Témoignage Chrétien, afin de donner encore plus précisément la parole à ces voix qui tracent la voie du progrès nécessaire, quand par ailleurs de multiples portes se ferment.

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