Tchéquie : un bébé à gauche

Allons-z-y, les gars !

En avant, les gars ! Moto tchèque Walter (1926) Foto: unkn. /Wikimédia Commons/CC-BY-SA/PD

(Marc Chaudeur) – Le principal parti politique de gauche, le Parti social-démocrate (ČSSD) n’est pas très en forme. Il est devenu une sorte de dinosaure lourd à manier, qui balance une fois à droite, une fois à gauche… Par ailleurs, le Parti des Verts, lui, ne s’intéresse guère aux problèmes sociaux – et visiblement, il s’en méfie, ne voulant pas montrer une apparence trop « gauchiste ». Certes, on connaît ça ailleurs. C’est essentiellement à partir de là, en tout cas, que quelques transfuges ont fondé un nouveau parti politique qui porte pour nom Futur (Budoucnost).

En ce moment, le ČSSD, ce très vieux parti (fondé en 1878, mais réellement présent à partir de 1918), ressurgi de ses cendres en novembre 1989, eh bien, il est à droite : il fait alliance avec le parti libéral-populiste ANO (Parti des Citoyens mécontents) du milliardaire Andrej Babiš, propriétaire de trois journaux quotidiens, d’un hebdo, d’une chaîne radio et de sites internet ; et connu pour son état de corruption avancé, marqué par des scandales retentissants dont il s’est toujours tiré de justesse grâce à l’appui du président de la République ČSSD, Miloš Zeman.

Comme larrons en foire, en somme… Le Parti des Verts, lui, atteint avec peine les 5 % ; ses positions ont peine à s’imposer à l’attention de l’électorat tchèque. Et pourtant, le pays en aurait grand besoin !

Voilà pourquoi un nouveau parti s’est fondé ces dernières semaines, principalement du fait de syndicalistes et de militants politiques. Mercredi dernier, un communiqué de presse de la nouvelle formation annonce son intention de se dresser contre les oligarques, de promouvoir une société « plus juste et durable ». Les oligarques, bien évidemment, c’est le grand problème tchèque, et ce depuis la chute du « communisme » , au début des années 1990. Ni les grands partis de droite, ni ceux de gauche (l’ANO de Babiš et le ČSSD social-démocrate) ne risquent de s’attaquer au problème, puisqu’ils mettent en coupe réglée le pays – et qu’ils sont tous les deux les héritiers devenus millionnaires ou milliardaires de la privatisation qui a suivi 1990, ce qui est vrai aussi en Slovaquie.

Injustice sociale, problèmes climatiques et écologiques ? La social-démocratie et l’ANO sont… aux affaires, le Parti des Verts est myope. Il faudra donc envisager ensemble ces problèmes, et imaginer des solutions pertinentes et globales. C’est ce que veut faire la nouvelle formation, Budousnost.

La vie est chère, surtout les logements, et la mentalité collective est à l’élévation du standard de vie, tout comme dans les autres pays d’Europe centrale : les gens s’endettent donc… Le problème est massif, et grave ; Budousnost veut s’y attaquer, selon ce qu’annonce le communiqué de presse de la semaine dernière. De même qu’à tous les problèmes élémentaires que les grands partis – et les petits aussi – laissent en plan depuis une vingtaine d’années. Le parti du Futur veut être un parti de la base – et aller s’enquérir des réalités dans les bourgades reculées.

Le parti doit organiser un Congrès dans quelques mois. En septembre auront lieu les élections régionales et sénatoriales. Le parti Futur sera-t-il entendu ? Ce sera difficile, à cause du scepticisme des citoyens modestes à l’égard de la politique en général – et, il faut bien le dire, de la détestation très répandue d’une certaine gauche dans la population, qui a vécu 45 ans de stalinisme. Et pourtant, il faudra bien essayer de régler les problèmes les plus brûlants. Et pourtant aussi, la population tchèque se montre de plus en plus sensible aux problèmes environnementaux et, plus largement, écologiques.

Bonne chance donc pour le Futur tchèque ! Il y a du pain sur la planche.
A consulter : l’excellent Courrier d’Europe Centrale https://courrierdeuropecentrale.fr/

 

 

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