« Te tairas-tu donc, sale bête ! »

La disparition des oiseaux en Europe

Les espèces aviaires les plus commune sont menacées ! Foto: ermell / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(M C) – La presse allemande et française nous apprend ces derniers jours que plusieurs centaines de millions d’oiseaux ont disparu en quelques années, dans toute l’Europe Ceux qui ne peuvent supporter les roulades racoleuses du rossignol ou les beuglements extatiques de la tourterelle le matin peuvent s’en réjouir ; mais cette disparition est le symptôme d’une dégradation alarmante et peut-être irréversible des sols et des campagnes.

L‘Europe a perdu plus de 400 millions d’oiseaux depuis les années 1980, nous apprenait la revue Ecology Letters en 2014. En France comme en Allemagne, on est proche de la catastrophe. Des espèces qui nous semblent très communes, mais qui font partie des 39 espèces observées avec une attention particulière en Allemagne, comme l’alouette des champs ou l’ étourneau, se trouvent en situation de quasi disparition. Et le mouvement s’est encore accéléré durant ces trois dernières années ! La perdrix est quasi-éteinte ; l’alouette, le merle, la tourterelle, le pigeon ramier risquent de la suivre dans les limbes aviaires bientôt. Au secours, chantent-ils en chœur. Et nous, nous ne sommes pas assez attentifs au sort des forçats de l’appeau, interpellés seulement par le destin de la dinde de Noël (aux marrons, surtout), ou au mieux, de la cigogne blanche.

C’est, semble-t-il, vers 2008 que le problème a pris toute sa gravité. Les scientifiques parlent de l’augmentation en flèche du prix du blé cette année là (une année de crise économique, certes), de la fin des jachères imposées par la PAC, de la reprise de l’usage massif des nitrates, et de la généralisation voici dix ans de l’usage d’ insecticides neurotoxiques, les néonicotinoïdes.

Et en effet, la disparition catastrophique du nombre des oiseaux est un symptôme de la chimisation généralisée de nos sols et des campagnes, et donc d’une sorte de maladie chronique des terres : plus d’insectes – en Europe, des chercheurs allemands, britanniques et suédois ont pu constater, fin 2017, que 75 à 80% des insectes volants avaient disparu de l’Allemagne ! En France, et partout en Europe occidentale, les chiffres sont semblables ou analogues. Plus de plantes sauvages non plus, c’est-à-dire, plus de graines. Plus de nourriture pour les oiseaux, donc ; c’est l’ensemble de la chaîne alimentaire qui est atteint. Y a plus rien, en somme.

Une constatation qui, voici une vingtaine d’années encore, apparaissait pour beaucoup comme émanant de cercles d’illuminés sectaires s’impose aujourd’hui de toute évidence, et c’est de cela que par leur disparition, les oiseaux portent témoignage, d’autant plus que des tentatives trop partielles, aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne ou en Suède, ont échoué : c’est l’ensemble de la politique agricole qu’il faudrait changer. Alerte !

 

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