Theresa May titube vers la sortie

Elle voulait un mandat clair pour son Brexit et les électeurs britanniques lui ont répondu « ni oui, ni non ».

Au niveau des panneaux de circulation, se trouverait désormais une "frontière extérieure" de l'UE. Cela promet... Foto: Jonathan Billinger / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Les prochains mois s’annoncent compliqués pour la premier ministre britannique. En organisant les élections anticipées, elle comptait obtenir une large majorité la soutenant dans les négociations sur le Brexit. Mais au lieu d’obtenir ce qu’elle voulait, elle devra désormais s’arranger avec un petit partenaire qui risque de lui rendre la vie compliquée – sa politique dépendra du bon vouloir du petit parti nord-irlandais et ultraconservateur DUP qui a signalé vouloir soutenir un gouvernement minoritaire de Theresa May. Comprendre : chaque décision de Theresa May peut donner lieu à une question de confiance et rien ne fonctionnera sans ce petit parti n’ayant jamais joué un rôle dans la politique britannique.

Après David Cameron, Theresa May a commis la même erreur en attachant son avenir politique (et accessoirement, celui de la Grande Bretagne et de l’Union Européenne) à un vote hasardeux. Et comme David Cameron, elle a perdu son pari. A croire que la mémoire britannique est encore plus courte qu’ailleurs.

N’ayant plus de majorité au parlement londonien, Theresa May dépendra donc du DUP, et considérant que les conservateurs de Theresa May et le DUP n’aient pas la même vision du Brexit, cela promet.

Le DUP insiste à ce que la frontière entre l’Irlande du Nord et l’Irlande reste ouverte et que Londres ne ferme pas la porte européenne dans le cadre du Brexit. Mais si Theresa May réalise son projet, la frontière entre l’Irlande du Nord et l’Irlande, constituera une « frontière extérieure » de l’Union Européenne et il est difficile que cette frontière puisse rester ouverte comme actuellement. Pour les Irlandais, des deux côtés de cette frontières, cela serait inconcevable et constituerait un retour à une époque assez sanglante.

Theresa May voulait avoir les mains libres pour le Brexit, elle a gagné de nouveaux problèmes, car désormais, elle ne pourra plus rien faire sans le DUP qui du coup, tient les commandes de la politique britannique.

Pour l’Europe, ce changement de situation à Londres, constitue une bonne nouvelle. Le « hard Brexit » qu’envisageait Theresa May, sera difficile à réaliser avec le DUP et May devra faire des concessions – non seulement vis-à-vis des Européens, mais également vis-à-vis de ses nouveaux copains du DUP.

Et ce qu’il est le plus surprenant, c’est que les Britanniques ne semblent pas se rendre compte des conséquences néfastes de cette idiotie qui est le Brexit. Crise gouvernementale, potentiellement une scission du Royaume Uni, problèmes économiques à prévoir, crise de sens de l’Union Européenne – la liste des problèmes générés par le Brexit est longue. Et les avantages du Brexit, ne serait-ce que pour la Grande Bretagne ? Hormis un sentiment nationaliste renforcé, il n’y a aucun avantage à tirer du Brexit. Rien, nothing, nichts, nada. Tout ça pour ça…

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