Thuringe : élu grâce aux voix fascistes

La puanteur augmente : Thomas Kemmerich démission !

Goebbels en 1944, par Gustav Wolf Foto: Gustav Wolf/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/ PD

(Marc Chaudeur) – Hier à Erfurt, capitale de la Thuringe (région de l’ex-RDA) ont eu lieu les élections du Ministre-Président, c’est-à-dire du Président du Land. Comme on sait, les Länder disposent de pouvoirs très étendus en Allemagne, à commencer par l’essentiel du pouvoir législatif. Eh bien, c’est le candidat du FDP (Parti Libéral) qui l’a emporté. Grâce aux voix du parti d’extrême-droite, l’AfD, identifié légalement comme « fasciste », et que cette étiquette ne dérange pas. Bien au contraire. C’est un coup sans égal depuis 1945 contre la démocratie. Fi ! Quelle honte !

Le Ministre-Président Bodo Ramelow exerçait le pouvoir en Thuringe depuis depuis 2014, à la tête d’une coalition SPD-Die Linke-Verts. Sa souplesse et son esprit pragmatique de conciliation l’avaient fait beaucoup apprécier, y compris, selon de récents sondages, par la grande majorité de ses adversaires politiques. Mais depuis le 27 octobre 2019, la coalition rouge-rouge-verte n’avait plus de majorité. Six partis siégeaient depuis au Landtag : la gauche de Die Linke remportait 31 % des suffrages et devenait alors le parti le plus puissant – suivi par le groupe des fascistes AfD avec 23,5 %, la CDU avec seulement 22 %, le SPD 8 %, les Verts 5,2 % et le Parti Libéral FDP.

Aucune coalition n’était possible, parce que tous les partis avaient refusé toute alliance avec l’AfD… Et parce que la droite refusait de s’allier avec la gauche. Hier ont donc eu lieu les élections. La règle veut que cette élection se fasse en trois essais au maximum : les deux premiers visent à exprimer une majorité absolue (en l’occurrence, 46 voix sur 90 députés régionaux). En cas de résultat négatif, le troisième essai doit dégager une majorité relative.

C’est celle-ci qui a donné hier après-midi le résultat que l’on sait.

En effet, le candidat FDP a été élu avec 45 des voix, contre 44 pour Bodo Ramelow. Le candidat qui se présentait pour l’AfD – sans pour autant être membre du parti – n’a bénéficié d’aucune voix des membres de son parti tutélaire. Cela signifie que tous les suffrages de l’AfD sont allés à Thomas Kemmerich, le candidat du FDP…  Et d’une manière pour le moins étrange, la CDU, elle, n’a présenté aucun candidat pour le troisième suffrage… Le libéral a donc été élu grâce aux voix fascistes et à la complicité de la droite conservatrice !

L’heure est grave : un tabou a été brisé, une digue a été rompue, comme l’ont bien dit les dirigeants de Die Linke, notamment Dietmar Bartsch : la digue qui contient ou contenait l’extrême-droite dans sa marche vers le pouvoir. Les déclarations des personnalités de gauche sont sans ambigüité. Cem Özdemir, des Verts, fait part de son incompréhension quant à l’absence de sentiment de responsabilité chez les Libéraux, alors même que nous venons de commémorer la Shoah ! Jürgen Trittin, autre politicien Vert bien connu, voit clairement ce qui est davantage qu’une analogie historique : « Le FDP s’est fait élire grâce à des fascistes. Et presque tous les CDU y ont participé. L’Histoire se répète. Nous vivons un second Front de Harzbourg ».

Le Front de Harzbourg, à l’époque de la République de Weimar, c’est l’alliance des nationalistes et des fascistes pour abattre le second cabinet Brüning. C’est cette alliance qui a déblayé le boulevard que la mollesse et la complaisance des démocrates bourgeois avait ouvert à Hitler.

Il ne s’agit encore que de résultats régionaux, dans ce land qui a pâti de son appartenance à la RDA stalinienne durant 45 ans. Mais ne relativisons jamais la gravité de tels événements. Quelle inquiétude et quelle honte !

Une solution ? Nous n’en voyons qu’une : la démission de Thomas Kemmerich. Comme l’a dit le chef de son parti il y a quelque temps, Christian Lindner, à une autre occasion : « Mieux vaut ne pas gouverner que gouverner mal ! » Eh bien oui, prenons le au mot. De nouvelles élections sont parfaitement possibles dans un laps de temps assez court.

Réclamons la démission de Thomas Kemmerich, Libéral élu grâce aux bons services de l’extrême-droite fasciste !

 

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