Thuringe – le cauchemar se termine (pour l’instant)…

Le parlement de Thuringe à Erfurt a élu hier, non sans difficultés, Bodo Ramelow (Die Linke) comme ministre-président du Land. C'est ainsi que se termine un imbroglio initié par l'AfD ?

Bodo Ramelow (à gauche) n'a pas accepté la poignée de main du néofasciste Björn Höcke. Foto: ScS EJ

(KL) – Avoir un gouvernement minoritaire, c’est une grande exception en Allemagne. Généralement, après des élections, les partis se concertent et forment des coalitions. En Thuringe, cela n’a pas été possible, car il y a un mois, CDU, FDP et l’extrême-droite AfD avaient voté ensemble pour Thomas Kemmerich (FDP) qui devenait ainsi le ministre-président d’un jour. Face à l’indignation généralisée par cette coopération entre des partis du centre-droit démocratique avec l’extrême-droite (non voulue, mais tout de même…), Kemmerich avait démissionné le lendemain de son élection. Depuis, CDU et FDP n’arrivent plus à trouver une position vis-à-vis de l’AfD et Die Linke.

Il aura fallu trois tours hier à Erfurt pour que Bodo Ramelow soit élu à la simple majorité des voix. Ainsi, le Land expérimentera pour la première fois un gouvernement minoritaire. L’ensemble des élus de la CDU s’était abstenu hier à Erfurt, les élus de la FDP n’avaient même pas pris part au scrutin. Bodo Ramelow est donc, en quelque sorte, son propre successeur, et pendant ce mois un peu fou, CDU et FDP ont perdu énormément de sympathies auprès de leur électorat.

Mais ce gouvernement minoritaire n’a pas vocation de durer – le « deal » entre les partis veut que la Thuringe sera une nouvelle fois appelée aux urnes en 2021, et d’ici là, Bodo Ramelow devra chercher pour chaque projet ou sujet, une majorité au parlement régional de Thuringe. Cet exercice, qui est quasiment normal ailleurs, par exemple en Espagne, est totalement inhabituel en Allemagne, mais c’était aussi la seule possibilité de tenir l’AfD à l’écart des cette désignation du nouveau ministre-président du Land.

Suite à l’élection de Bodo Ramelow, ce dernier a refusé la main de Björn Höcke, son adversaire AfD du jour, en indiquant qu’il allait accepter de serrer sa main le jour où l’AfD défendra les valeurs de la démocratie. Un moment de grande solitude politique pour Björn Höcke, le fasciste notoire de l’AfD.

De nombreux observateurs craignent cependant que la crise politique en Thuringe ne soit pas résolue, mais seulement reportée. Lors des élections anticipées en 2021, rien ne dit que le résultat sera différent de celui-ci ; et à un moment donné, la CDU devra clarifier son rapport avec l’extrême-droite. Lors du troisième tour hier à Erfurt, Björn Höcke a obtenu une voix de plus que le nombre d’élus de son groupe, donc, sans doute d’un élu de la CDU. Pour l’avenir, ça promet…

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