Tiago monte au créneau du Palais des Papes

Tiago Rodrigues prendra la suite d’Olivier Py à la direction du Festival d’Avignon. C’est un sujet de fierté, totalement justifié, pour le Portugal.

Tiago Rodrigues, premier directeur non-français du Festival d’Avignon, en assurera la défense et la promotion à compter de 2022. Foto: Blacky / CC-BY-SA 3.0 + Éric Schrijver / CC-BY-SA 4.0int / Wikimedia Commons pour les deux

(Jean-Marc Claus) – Après une édition 2020 annulée pour cause de pandémie de Covid-19, le Festival d’Avignon qui s’est clôturée hier, est maintenant en phase de transition. Olivier Py, en assurant la direction depuis 2014, va complètement céder la place à Tiago Rodrigues en Septembre 2022. Entre sa nomination le jour de l’ouverture de 75e édition et sa prise de fonction officielle après la 76e, le comédien, dramaturge et metteur en scène portugais a suffisamment de latitude pour s’intégrer et s’adapter à cette nouvelle fonction qu’il assurera pour quatre ans, renouvelables une seule fois.

Dès cette année, son adaptation particulièrement originale de « La Cerisaie », jouée dans la Cour d’Honneur du Palais des Papes, laissait percevoir un vent de fraîcheur qui n’aurait certainement pas déplu à Anton Tchekov (1860-1904), lui-même d’un caractère hors-norme et d’un naturel souvent facétieux. Il est d’ailleurs particulièrement significatif que cette œuvre décrivant une période de transition, soit mise en scène par Tiago Rodrigues à ce moment précis de sa carrière.

Écrite comme une comédie, montée une première fois comme une tragédie, jusqu’à en horrifier son auteur, cette pièce est de tout temps un véritable défi pour metteurs en scène et comédiens. Tiago Rodrigues n’a donc pas choisi la facilité, mais il a réussi un coup de poker magistral, pour ne pas dire un coup de maître. Premier directeur non-français du Festival d’Avignon, depuis sa fondation en 1947 par Jean Vilar (1912-1971), il est un enfant de la Révolution des Œillets, issu de parents engagés politiquement à gauche.

Entre une mère médecin hospitalier et un père journaliste, il a très vite appris la vie. Son passage au Conservatoire de Lisbonne, où ses professeurs lui suggérèrent d’arrêter le théâtre, eut sur lui un effet opposé de celui recherché par ses enseignants. L’année suivante, engagé dans un le collectif de comédiens « Tg Stan » basé à Anvers, il participa à une adaptation de « Platonov », œuvre d’Anton Tchekov. C’est ainsi que pourrait-on dire, de 1997 à 2021, une boucle fut bouclée. Une boucle parmi d’autres, car la carrière de Tiago Rodrigues n’est pas un long fleuve tranquille.

Le festival d’Avignon ne lui est d’ailleurs pas inconnu, car en 2015 il y présenta sa version portugaise de la très shakespearienne tragédie « Antoine et Cléopâtre ». Une mise en scène potentiellement déroutante, à l’instar de celle de « La Cerisaie » présentée cette année. Directeur du Teatro Nacional D. Maria II à Lisbonne, sa nomination à Avignon a été saluée autant par le Président de la République Marcelo Rebelo de Sousa que par le Premier Ministre António Costa. Une fierté pour le Portugal, un honneur pour la France, une chance pour le théâtre.

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