Timmermans vs. Weber – l’Europe refuse de se moderniser

Les deux plus grands groupes au Parlement Européen, les conservateurs du PPE et les socialistes et socio-démocrates ont désigné leurs candidats à la succession de Jean-Claude Juncker. On croit rêver.

Manfred Weber ou Frans Timmermans - l'Europe ne progressera avec aucun des deux. Foto: European People's Party / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Il y a une raison pour laquelle autant les conservateurs et les socialistes européens expérimenteront une dégringolade électorale lors de l’élection européenne au mois de mai 2019 – ils sont incapables de se moderniser et d’entendre les messages que leur adressent les électeurs et électrices partout en Europe. Pour faire face aux défis d’aujourd’hui et de demain, pour remédier aux dégâts que la « Génération Juncker » a infligés à l’Europe, les deux plus grandes formations politiques en Europe ont choisi un leitmotiv partagé : « fermons les yeux et continuons comme toujours ». Après l’élection européenne, autant le PPE que les socialistes risquent de se retrouver sur la touche – et ils l’auront bien cherché. En désignant le Néerlandais Frans Timmermans (Socialistes) et l’Allemand Manfred Weber (PPE), les deux plus grands groupes parlementaires européens se moquent des Européens et des Européennes qui souhaitent  voir se  réaliser des réformes profondes de cette Union en plein dysfonctionnement. Frans Timmermans est le premier vice-président de la Commission Européenne et donc, le second de Jean-Claude Juncker, et Manfred Weber préside depuis 2014 le groupe PPE au Parlement Européen. Autrement dit, les deux hommes font partie du problème et certainement pas de la solution. Et si le prochain président de la Commission Européenne était un écologiste ?

A un moment où l’avenir même de l’Union Européenne est menacé par la multitude de problèmes que l’UE n’arrive pas à résoudre, comme le Brexit, la question des réfugiés, les clivages sociaux, la sécurité, la politique extérieure, la poussée du néo-nationalisme, l’évasion fiscale, le changement climatique, autant les conservateurs du PPE que les socialistes et social-démocrates optent pour la stratégie de l’autruche. En choisissant deux braves soldats du « système Juncker », les deux partis signifient aux électeurs et électrices européens qu’ils n’entendent pas changer cette Europe qui est malade. Dont acte. Les écologistes et les extrémistes identitaires s’en frottent les mains, et on est en droit de se demander pourquoi les deux plus grands groupes parlementaires européens ont décidé, chacun de son côté, de se suicider plutôt que de réagir aux appels de leurs électeurs et électrices qui demandent du renouveau, de l’innovation, de nouvelles têtes. Et non pas ceux qui constituent la deuxième ligne d’une Europe institutionnalisée qui est défaillante dans la quasi-totalité des dossiers importants de notre époque.

Le PPE et les socialistes  étouffent dans leurs propres appareils. Au lieu de décider des investitures selon le paramètre de la compétence, les deux groupes ont choisi des candidats qui seront les dignes successeurs de Jean-Claude Juncker. Frans Timmermans, ancien premier ministre néerlandais, était depuis 2014 le « premier vice-président » de la Commission Européenne. Et à quelle occasion Timmermans aurait-il critiqué son patron, celui qui a permis la mise en œuvre d’un système d’évasion fiscale sophistiqué dans son pays, le Luxembourg ? Quand donc  Timmermans aurait-il défendu une position différente de celles de Juncker ? En d’autres termes : qui se souvient d’une initiative politique de Timmermans tout court ? Et ce technocrate terne et effacé est censé être le visage du renouveau européen ?! Et le Bavarois Weber ? Un jeune bureaucrate de la CSU dont le point le plus positif est qu’il est pro-européen. Encore heureux… Pour le reste, il s’entend bien avec Orban, représente un conservatisme bavarois un peu poussiéreux et fait partie de la maison. En tant que président du groupe PPE au Parlement Européen, il porte sa part de responsabilité dans la défaillance européenne des dernières années. Lequel des deux les Européens veulent-ils  voir succéder à Jean-Claude Juncker à la présidence de la Commission Européenne ? Aucun des deux.

Conservateurs et socialistes européens creusent actuellement leur propre tombe. Incapables de se réinventer, en proie des « vieux crocodiles » de leurs formations qui s’agrippent à un pouvoir qui fond comme la glace sous le soleil, les deux groupes continuent leur voyage qui les mène droit dans le mur. Pourtant, les deux formations disposaient de candidats et de candidates de qualité, des jeunes, des femmes, des candidats de « petits » pays européens.

Pour les électeurs et électrices, la défaillance politique de ces deux grands groupes rétrécit le choix au mois de mai 2019. Restent les écologistes ou les partis extrémistes, puisque les conservateurs et socialistes viennent d’informer l’électorat qu’ils ne souhaitent pas faire partie d’une future majorité au Parlement Européen.

Sur un point, l’ensemble des acteurs politiques européens est d’accord : l’élection 2019 est peut-être l’élection européenne la plus importante de tous les temps. Etrange que les conservateurs et les socialistes aient décidé de se lancer dans cette élection si importante avec une « équipe B ». Les autres, eux, enverront leurs meilleurs éléments. Et gagneront les élections.

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