Un « livre humain », ça vous parle ?

Presque tous les moyens sont bons pour promouvoir la diversité et lutter contre les discriminations. Human Library® propose à chacun de devenir acteur de ce combat.

C’est la diversité des histoires de chacun qui, lorsqu’elle est respectée, fait la richesse de l’humanité. Foto: Jorge Royan / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Anouchka Braig) – Les Européens sont d’assidus lecteurs : 68% avaient lu au moins un livre en 2018 ! Ceci fait de la lecture leur second passe-temps culturel favori, après les émissions de radio et de télé. Si moins de 10% des lecteurs préfèrent aujourd’hui le format ebook aux livres papier, un autre format pourrait convaincre de nombreux adeptes, même chez les non-lecteurs : le livre humain.

Ce concept, crée en 2000 et pourtant assez méconnu en France, est proposé par Human Library®, une organisation internationale à but non lucratif, née au Danemark. Elle intervient actuellement dans 83 pays sur 6 continents. Ici, pas de science-fiction ou de fantasy, pas de clown dans les égouts ou de vampire à la cave. Les livres sont en réalité des personnes, qui proposent de nous raconter leur histoire.

Il n’y a pas de livres physiques, mais Human Library® organise des évènements, dans lesquels elle fournit un accès à ses « livres humains ». Les « livres » en question sont en fait des personnes qui racontent leur histoire. A chaque événement, ces « livres humains » sont installés à une table, sur laquelle est affichée la couverture de leur « livre ». L’histoire est ensuite racontée, sous forme de mini-conférence d’environ une demi-heure, aux « lecteurs » qui ont choisi de l’écouter.

Les titres que les « livres » se sont donnés, stimulent en premier lieu l’intérêt des « lecteurs ». Ils sont volontairement courts, et se veulent percutants : « Alcoolique », « Autiste », « Bipolaire », « Modification corporelle extrême », « VIH+ », « Sans abri », « Musulman », « Chômeur », « Handicapé », « Véganisme », « Transgenre », « Non binaire », pour ne citer que quelques exemples.

Chaque « livre » se positionne bénévolement comme représentant d’un groupe social stigmatisé, et dont le titre, qui fait référence à son histoire, sert seulement à déclencher la conversation. Une personne ne peut se définir uniquement par l’un des titres précédemment cités. C’est d’ailleurs ce que Human Library® veut faire comprendre aux « lecteurs ».

Il y a plusieurs objectifs à l’organisation d’une telle expérience. D’abord, pouvoir rencontrer et discuter avec des personnes, avec lesquelles on ne serait pas entré en contact dans d’autres circonstances. Cela en raison de la stigmatisation, dont est l’objet le groupe social que représente le « livre ». Ensuite, lutter contre la discrimination, les stéréotypes et les préjugés subis par le groupe. Par le dialogue, les « livres » et leurs « lecteurs » échangent, s’expliquent, s’éclairent, remettent en question divers aspects ou idées reçues au sujet de titre que le « livre » s’est donné.

Human Library® met en avant le proverbe « On ne juge pas un livre à sa couverture ». Ce dialogue interculturel recherche le non-jugement, fait la promotion de la diversité, et surtout de la tolérance. Tout un chacun devrait être en mesure de vivre librement son identité, sa sexualité, sa pathologie, sa situation sociale, sans subir ni exclusion, ni discrimination. Grâce à ces rencontres, les lecteurs peuvent se rendre compte qu’au delà d’un titre fort et restrictif, ils discutent avant tout avec des êtres humains et peuvent s’entendre.

« Si l’être humain était toujours pareil, identique l’un à l’autre, la vie serait particulièrement chiante, si j’ose dire. Heureusement qu’il existe une biodiversité humaine, nous devons la découvrir et l’explorer ensemble. […] Rien n’est plus irrationnel, rien n’est plus absurde que l’exclusion ». Ces quelques mots de Josef Schovanec, lors de sa conférence « L’art du Monde autrement », peuvent parfaitement résumer le message que souhaite faire passer Human Library® lors de ses évènements.

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