Tous les coups sont permis…

Le candidat non-déclaré Emmanuel Macron vient de porter un sacré coup à sa concurrente la plus dangereuse. Enrobée par du chocolat, l’éventuelle sortie de l’Alsace du Grand Est, peut être un cadeau empoisonné…

Une sortie de l'Alsace du Grand Est ? Ou une manœuvre électorale d'Emmanuel Macron ? Foto: Julien Di Giusto / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Pendant que le « sondage » du Président de la CeA Frédéric Bierry sur la sortie de l’Alsace du Grand Est tourne à fond, Emmanuel Macron vient de porter un sacré coup aux ambitions électorales du Président de la Région Grand Est, Jean Rottner. Ce dernier, membre de l’équipe de campagne de la candidate Valérie Pécresse (LR), serait « ministrable » en cas de succès de Pécresse (elle est actuellement la seule qui, selon les sondages, pourrait battre Macron au deuxième tour), mais il risque de se faire doubler par La République en Marche (LREM). Selon Le canard enchaîné, Macron serait disposé de revenir sur la malheureuse réforme territoriale de 2016 en laissant l’Alsace retrouver le statut d’une région à part entière. Rottner, grand adversaire et ensuite, grand défenseur de la Région Grand Est, doit grincer des dents…

Considérant qu’une grande majorité des Alsaciens souhaite sortir du Grand Est, qui lui, s’étale depuis la frontière avec l’Allemagne jusqu’à la troisième couronne du Grand Paris et qui ne fait effectivement pas vraiment de sens, cette prise de position d’Emmanuel Macron constitue une stratégie machiavélique. Le message est clair : « Si vous voulez sortir du Grand Est, il faut voter pour moi et non pas pour Valérie Pécresse ». Mais là, il ne s’agit même pas d’une promesse électorale (dont on connaît la valeur…), mais d’une prise de position floue qui n’engage personne à rien.

La citation de Macron se lit ainsi : « [Je serais prêt pour un] redécoupage de la Région Grand Est, en redonnant à l’Alsace une autonomie très largement réclamée par ses habitants ». Une façon intéressante de dire « on verra bien »…

Pour les électeurs alsaciens, qui dans l’ensemble seraient plutôt tendance LR comme Jean Rottner, cela revient à un choix cornélien. Si voter pour leur candidat de prédilection ferme les portes vers une sortie du Grand Est, ne vaut-il pas mieux voter pour Macron et La République en Marche ? Mais attention au piège électoral. « Etre disposé à » ne veut pas encore dire que Macron procèdera à ce « redécoupage » de la Région Grand Est. Jacques Chirac l’avait formulé ainsi : « Les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent »…

Si jamais Macron devrait respecter sa parole en opérant effectivement la sortie de l’Alsace du Grand Est, ce serait une vengeance terrible contre Jean Rottner. Car à ce moment-là, il faudra réélire un Conseil Régional et il ne faut pas être Prix Nobel pour savoir que Jean Rottner, à ce moment-là, n’aurait aucune chance d’être réélu, après avoir longuement défendu le Grand Est. Quelque part, une telle évolution pourrait carrément mettre un terme aux ambitions politiques de Jean Rottner.

Même si Emmanuel Macron n’a toujours pas déclaré sa candidature, il est déjà en pleine campagne. Et cette campagne semble être placée sous le slogan : « Tous les coups sont permis ». Aux Alsaciens de décider si oui ou non, ils font confiance à un tel président. Personne ne peut garantir qu’il ne dise pas, une fois réélu, qu’il « a envie d’emmerder les Alsaciens »…

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