Tout simplement beau : «L’odeur de la Mandarine»

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(Par Nicolas Colle) – C’est dans un rôle d’officier revenu grièvement blessé du front de la première guerre mondiale, que nous retrouvons Olivier Gourmet dans ce nouveau film de Gilles Legrand, «L’odeur de la mandarine».

Un aspect de la guerre très peu porté à l’écran puisque les deux personnages principaux, se retrouvent coupés du monde dans une grande demeure campagnarde où l’un et l’autre vont peu à peu panser mutuellement leurs blessures et se reconstruire.

Lorsque le personnage de Gourmet engage une jeune infirmière, mère d’une fille dont le père fût tué lors des combats, pour qu’il puisse peu à peu se remettre de la perte de sa jambe. Se noue alors une relation faite d’abord d’innocente complicité, qui se mue rapidement en amour pour lui, mais davantage en amitié pour elle.

Un mariage de raison semble, alors, être le plus approprié pour que la jeune fille puisse mettre son enfant à l’abri du besoin. Mais lorsque vient le moment de s’adonner aux plaisirs charnels, l’un et l’autre vont devoir lutter contre leurs démons pour être en mesure de nouer une relation harmonieuse et épanouissante.

Eternelle histoire d’amour dans une nature radieuse. - Gilles Legrand nous en dit un peu plus les intentions qui l’ont habité pour ce film: «J’avais simplement envie d’un film autour d’une histoire d’amour et de faire une sorte d’introspection autour de la mécanique d’un couple. Je souhaitais également imprégner le film de la nature et de sa beauté, pour mieux témoigner de l’affrontement des sentiments et notamment l’humanité contre l’animalité. C’est pour cela que je tenais à ce qu’il y ait la présence de ce cerf et de l’étalon car j’ai une fascination pour le besoin intense qu’ont ces animaux de se reproduire et j’ai pensé que le comportement de ces animaux pouvait résonner avec les problématiques de mes personnages.» Bon !

Toute l’intensité dramatique du film se retrouve donc, dans l’évolution des rapports entre les deux amants, qui tentent de s’apprivoiser et de devenir un couple pleinement amoureux comme nous l’a confié l’acteur Olivier Gourmet, qui trouve là un rôle lui permettant d’exprimer une fois encore tous les tourments de l’être humain :

«Disons qu’après ce mariage de raison, mon personnage espère qu’avec son charme, son esprit et la complicité qu’il a pu développer avec cette jeune infirmière au début du film, quelque chose pourra naître entre eux, une fois qu’elle aura fait le deuil du père de son enfant. Mais je pense que ce qui les amène à reconsidérer leurs sentiments, c’est l’arrivée des personnages de la prostituée et du fugitif. C’est là que commence à se développer une forme de jalousie et de possessivité, qui déclenchent peut-être quelque chose entre eux deux. Même si c’est vrai que ce n’est ni très beau, ni très noble de passer par là pour comprendre ce qu’on éprouve pour quelqu’un.

Mais tout ça relève du ressort de l’être humain et de ce qui le fait, dans sa beauté, sa laideur, son envie, ses pulsions, son désir, son humanité, son animalité, son orgueil, sa fierté. C’est toute la richesse de ses émotions qui m’intéressaient et c’est ce qui m’amuse quand je joue : aller chercher des choses au fond de l’âme humaine. Je n’aime pas jouer des personnages stéréotypés ou formatés, conçus uniquement pour plaire au plus grand nombre. Ce qui m’intéresse c’est d’explorer ce qui fait un être humain et pourquoi il réagit de telle manière, pourquoi il fait telle chose, pourquoi il est envieux ou orgueilleux et qu’est ce qui fait naître tout ça.»

Un nouveau rôle très complexe dans la riche filmographie de ce grand monsieur, accompagné pour le coup, d’une belle révélation en la personne de Georgia Scalliet, pensionnaire de la Comédie Française, à la fois touchante, fragile, forte, espiègle et sensuelle. Elle trouve ici son premier rôle au cinéma en incarnant un personnage en prémices de la femme moderne au moment où près de trois millions d’hommes ont été tués lors des combats, faisant alors presque autant de veuves ou de fiancées en deuil, qui ont été contraintes d’aider à la reconstruction du pays en prenant à leur charge, les fermes, les usines et les familles… En attendant le droit de vote après la guerre suivante !

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