Toutes les vies comptent…

Pour le président du Portugal toutes les vies comptent et notamment celles des réfugiés.

Marcelo Rebelo de Sousa au Web Summit de Lisbonne de 2018 : un orateur écouté et attachant. Foto: Web Summit / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Le président Marcelo Rebelo de Sousa publiait le 20 juin 2020 sur le site internet de la présidence un message affirmant que les Portugais ont « une vocation d’ouverture et de tolérance ». Ainsi sont-ils « un exemple mondial d’accueil et d’intégration des réfugiés ». D’une manière moins péremptoire et avec beaucoup d’humanité, il poursuivait en disant : « La Journée Mondiale des Réfugiés nous aide à nous souvenir de la fragilité de ce que nous tenons pour acquis: le fait que la majorité d’entre nous a une famille, une maison, un pays. Cela nous aide à nous souvenir que les réfugiés sont des gens comme nous, que l’humain est universel et que toutes les vies comptent, que toutes les vies comptent. ».

Une telle déclaration peut étonner et sembler prétentieuse, mais le président Rebelo de Sousa n’est pas du genre donneur de leçons. En revanche, en matière d’accueil des réfugiés, le Portugal pourrait donner des leçons à d’autres pays européens. Il y a deux ans, alors que l’Aquarius errait en Méditerranée avec 630 personnes à bord, le Premier ministre António Costa (PS) critiquait vertement la décision de certains pays européens de lui fermer leurs frontières et proposait de l’accueillir au Portugal. A l’issue de cette histoire tristement rocambolesque, une partie des réfugiés de l’Aquarius a débarqué dans ce pays pour qui l’immigration n’est pas une notion abstraite.

Pour Pedro Calado, Haut Commissaire aux Migrations du Portugal (ACM), il s’agit avant tout de sauver des vies. De nombreux Portugais ayant fui le dictature et la misère sociale jusqu’au milieu des années 1970, le pays n’a pas la mémoire courte en matière d’immigration. Évidemment, sa population vieillissant au point d’en perdre 10 à 15% à l’horizon 2030, le Portugal a besoin de redynamiser sa courbe démographique. Mais l’humanisme passant avant l’utilitarisme, la régularisation suit l’accueil. Tout n’est pas encore au point ; aussi, conscient de cela, Pedro Calado déclarait-il en juin 2018 « Aucun pays européen ne peut encore se prétendre champion de l’intégration, mais le Portugal a la volonté de le faire. ».

Les réfugiés font à leur tour preuve de solidarité envers les habitants de leur pays d’accueil, notamment des personnes impactées par la pandémie de Covid-19, comme le rapportait Euronews dans son édition du 29 avril 2020 les montrant à l’œuvre dans une cuisine communautaire. « J’ai décidé d’aider, parce que le Portugal nous a aidés, ma famille et moi, quand on est passés par des moments difficiles », expliquait Nadège venue du Cameroun à bord du Sea Watch. Nous voici très loin des clichés présentant les réfugiés comme des personnes à la charge de la société.

On peut alors se demander pourquoi, lors de la Journée Mondiale des Réfugiés, le président Marcelo Rebelo de Sousa insistait à ce point sur la vocation d’accueil du Portugal. Peut-être parce la veille, André Ventura, représentant du tout nouveau parti d’extrême droite Chega, annonçait une manifestation à Lisbonne prévue pour le 27 juin 2020 et visant d’une certaine manière à fédérer la droite. Ceci autour de l’habituel slogan de soutien aux forces de l’ordre, mais aussi de l’affirmation qu’il n’y a pas de racisme au Portugal. Mieux encore, il s’engage à se montrer attentif à tout extrémisme. Étonnant pour celui que certains commentateurs n’ont pas hésité à qualifier de Bolsonaro portugais…

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