Trafic des masques COVID-19

Le monde de demain ?

Comment faire de l'argent avec le virus Foto: focusonmore.com:Wikimédia Commons/CC-BY-SA/2.0Gen

(Marc Chaudeur) – La loi de l’offre et de la demande et ses corollaires en ce monde ci, la corruption et la spéculation sur les prix : quelle admirable illustration nous en donne le commerce du matériel médical destiné à nous protéger de la pandémie !

A travers toute l’Europe, les mêmes procédés et processus sont à l’œuvre. Il s’agit de procurer du matériel pour sa protection, à commencer par les masques ; et il le faut vite et bien. Et cela, en principe (en principe…) en respectant des critères qui s’imposent et qui devraient aller de soi : la transparence, l’efficacité,la qualité du matériel vendu. Cela devrait être possible en faisant appel à plusieurs prestataires éventuels, et de les sélectionner en s’appuyant sur des critères stricts.

Mais voilà : de plus en plus de pays mettent en avant des mesures exceptionnelles, selon l’adage bien connu : l’exception confirme la règle – en somme, la règle est bonne, mais vu les circonstances, je ne la suis pas… De plus en plus souvent, les gouvernements achètent directement le matériel, sans avoir vérifié » des échantillons, en informant très peu le public de la transaction, et même souvent verbalement, sans contrat écrit ! C’est la porte ouverte aux malhonnêtetés, à la corruption et au favoritisme, et cela facilite grandement la hausse des prix, qui dans certains pays, est en effet vertigineuse.

Ainsi, en Italie, en Roumanie, en Slovénie, le marché est accordé à de véritables Al Capone du masque : en Italie, à des entreprises dont les dirigeants ont été accusés de fraude et de mésusage des fonds publics ; en Roumanie, l’un des principaux pourvoyeurs de masques n’est autre qu’un « grand » politicien » qui a été accusé d’entente avec une organisation criminelle violente ; en Slovénie, le contrat de 25 millions d’euros a été signé avec le roi du jeu d’argent, un habitué de Las Vegas. En Estonie, on contrat soi-disant signé a été dénoncé parce que les Etats-Unis offraient deux fois plus au fournisseur… Pabopabo, tout cela… Le monde de demain.

Mais que fait l’Europe, et que peut-elle faire ? Le 1er avril, la Commission Européenne a publié un document encourageant les Etats membres à relâcher un peu les mesures bureaucratiques pour faciliter l’acquisition rapide de masques et de matériel médical de protection. Mais le document prévient qu’il s’agit là d’une dérogation de circonstance à l’égard des principes d’ouverture, ed transparence e de concurrence. Mais comme on peut s’en douter, beaucoup se font ne joie de transgresser ces principes si cette transgression permet une juteuse rentrée financière ? En d’autres termes, la pandémie est pour beaucoup de gouvernants une belle occasion de se remplir les poches, de cette manière et de bien d’autres manière.Nous sommes en guerre », a dit Emmanuel Macron, ; et toute guerre a ses profiteurs de guerre.

Hausse des prix due à l’absence de concurrence, opacité du marché, favoritisme véreux et donc, corruption… En Italie, le kilo de matériel médical serait passé de 5 à 130 euros ! Normal : la loi du genre dans le monde capitaliste.

Ce qu’il convient de faire n’est pas particulièrement difficile à penser. La Commission Européenne a déjà publié une notice en février 2018, qui les rappelle les requisit et impératifs « pour éviter les erreurs les plus communément commises » https://ec.europa.eu/regional_policy/
Encore faut-il trouver les moyens d’imposer ces impératifs, alors même que l’absence de transparence est une cause de leur récurrence persistante. Comme contraindre un gouvernement à la transparence et aux exigences de qualité si précisément les clauses de la vente sont opaques et quasi-monopolistiques ?

On rencontre ici ce problème irritant à force de peser sur le débat public et sur la progression même de l’Union Européenne : il faut plus d’Europe pour régler les problèmes graves ; mais ceux qui ont le plus besoin d’Europe sont ceux qui crient sur les toits à l’affairisme et à la trahison bureaucratique. En tout cas, la lecture du document du 1er avril 2020 s’impose : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/

A lire absolument surtout, l’article de l’ OCCRP : https://www.occrp.org/en/coronavirus/afin d’éveiller un débat public sur ce grave problème.

 

 

 

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