Très Sainte Russie !

Non seulement l’Église Orthodoxe Russe ne doit son salut qu’à sa compromission avec le pouvoir poutinien, mais elle en est un indéfectible soutien.

A Moscou, la Sainte Trinité de l’église du même nom, ne serait-elle pas nationalo-poutino-capitaliste ? Foto: Adam Barker / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(Jean-Marc Claus) – Au nombre des pratiques traditionnelles de l’Église Orthodoxe Russe, figure la bénédiction des soldats en armes, ces dernières étant alors de facto, au bénéfice de la grâce, appelée à se répandre sur le guerrier qui les porte. Mais au XXIe siècle, on a aussi vu des ecclésiastiques bénir des navires de guerre et des bombardiers équipés d’armes de destruction massive. C’est pourquoi en 2019, une Commission du Patriarcat de Moscou émettait un avis défavorable quant à la bénédiction d’armes nucléaires. Une sage décision, mais depuis, il y eut la tentative d’invasion de l’Ukraine, qui en sera bientôt, à sa seconde année révolue.

Vladimir Mikhaïlovitch Goundiaïev, plus connu sous le nom de Patriarche Kirill Ier ou Cyrille Ier de Moscou, n’a pas avec Vladimir Vladimirovitch Poutine que le prénom de commun. Également ancien du KGB, il est le grand pourvoyeur d’alibis théologiques à la guerre menée par Vladimir Poutine. Une guerre qu’il qualifie de combat métaphysique, allant même jusqu’à prétendre que tout combattant faisant le sacrifice de sa vie, sera absout de tous ses péchés. Un reformatage du disque dur en quelque sorte, et un véritable lavage de cerveau en bonne et due forme, comme cela se pratique sous tous les régimes totalitaires.

Vladimir Mikhaïlovitch Goundiaïev, plus connu sous le nom de Patriarche Kirill Ier ou Cyrille Ier de Moscou, n’a pas avec Vladimir Vladimirovitch Poutine que le prénom de commun. Également ancien du KGB, il est le grand pourvoyeur d’alibis théologiques à la guerre menée par Vladimir Poutine. Une guerre qu’il qualifie de combat métaphysique, allant même jusqu’à prétendre que tout combattant faisant le sacrifice de sa vie, sera absout de tous ses péchés. Un reformatage du disque dur en quelque sorte, et un véritable lavage de cerveau en bonne et due forme, comme cela se pratique sous tous les régimes totalitaires.

D’abord persécutée suite à la Révolution d’Octobre, l’Église Orthodoxe Russe, appelée également Patriarcat de Moscou, fut instrumentalisée par le pouvoir soviétique durant la IIe Guerre Mondiale afin de rassembler la population autour du régime. Le pacte germano-soviétique de non-agression mutuelle, ayant pris fin avec l’Opération Barbarosa, Hitler pensait alors écraser l’URSS en trois ou quatre mois, tout comme Vladimir Poutine s’imagina en 2022 avec son « Opération Militaire Spéciale », conquérir l’Ukraine en quelques jours. Certains parallèles historiques sont particulièrement saisissants.

Au nombre des instruments de propagande dont dispose l’actuel Maître du Kremlin, l’Église Orthodoxe Russe dont Kirill Ier, ordonné en 1969, a pris la tête en 2009, figure en bonne place. Cette officine dispensatrice d’opium du peuple selon l’orthodoxie marxiste, et dont les dignitaires soviétiques ont en leur temps su se servir, fait aujourd’hui d’autant plus recette qu’elle est à notre époque de poussée de fièvre nationaliste, étroitement liée à l’affirmation d’un slavisme militant. Mais les Ukrainiens étant aussi des Slaves, l’actuelle guerre Russo-Ukrainienne, est donc une guerre fratricide.

Ce qui ne gêne pas trop aux entournures le Patriarche Kirill Ier, puisqu’une certaine approche du christianisme, pas seulement orthodoxe, n’exclut pas les guerres fratricides car la Bible en est pleine, à commencer par le meurtre d’Abel par Caïn. Dans les conceptions binaires du monde, notamment celles définissant l’Empire du Bien et l’Empire du Mal, on est toujours le méchant de quelqu’un, qui en nous supprimant, est persuadé d’agir pour le bien de tous.

Tout comme Hitler donna au nazisme, une dimension spirituelle alimentée par diverses sources mythologiques, Poutine se doit de fournir au peuple, un prêt-à-penser pourvoyeur d’espérances et de pogroms de toutes sortes. Le Patriarcat de Moscou dirigé par Kirill Ier, remplit parfaitement cet office, avec l’immense avantage de n’avoir rien à inventer de toutes pièces. Sans oublier que ses connections avec d’autres églises orthodoxes, offriront toujours des perspectives, une fois la guerre terminée. Dans toute stratégie, il importe d’avoir plusieurs coups d’avance, et jusqu’à preuve du contraire, Vladimir Poutine n’est pas près de se suicider au fond d’un bunker moscovite.

 

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste