Tribune des militaires, acte II

Dimanche 9 mai, dans la soirée, Valeurs Actuelles a publié une nouvelle Tribune de militaires.

L'armée doit-elle sortir du rang ?... Foto: Bryant / Wikimedia Commons / PD

(Marine Dumény)- La nouvelle Tribune de militaires d’active, publiée moins de trois semaines après celle des Généraux semble profiter de la vague. Ouverte à la signature pour les citoyens, elle circule depuis quelques semaines dans les rangs des militaires, si l’on en croit le directeur de la publication de Valeurs Actuelles. Une aubaine pour le titre de presse, puisque cette nouvelle tribune lui concède l’apport d’un nouveau lectorat « patriote », et un flux de passage inhabituellement élevé sur son site.

Quant à l’anonymat des signataires, l’exécutif dépêché pour répondre publiquement à la publication de Valeurs Actuelles, ne se prive pas de commentaires. A l’image de Gérald Darmanin, qui taxe sans vergogne de « lâches » ses rédacteurs. La première tribune avait le mérite d’être assumée. La question de l’attribution de cette seconde se pose alors. Côté leçon de courage, en 1971, dans Le Nouvel Observateur, 343 françaises avaient signé un manifeste sous le titre « la liste des 343 Françaises qui ont le courage de signer le manifeste ‘Je me suis fait avorter’ ». Elles s’exposaient ainsi à des poursuites pénales pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement, et ouvrirent la voie à la loi Veil. Une vision certaine du courage.

Valeurs Actuelles, usant de façon critiquable de la protection des sources, affirme avoir vérifié l’identité des signataires. Sans fournir aucune preuve, sans que quiconque ne puisse valider cette information. La comparaison des deux tribunes soulève d’ailleurs d’autres questions. La forme et le fond peuvent tous deux amener à douter. Loin de la lettre ouverte concise et précise des Généraux, toute militaire, cette tribune reprend cependant bien la sémantique d’extrême-droite. A-t-on bien affaire à des militaires, ou s’agit-il d’une récupération à des fins politiques ou de buzz ?

Pour reprendre les termes d’une chronique matinale de France Culture, du 11 mai, par Frédéric Says : « ceux qui ne se comptent pas, ne comptent pas ».

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