Tribune libre : Merkel et Schäuble ont encore frappé

Henri Mathian commente l’évolution actuelle en Grèce, sujet qui inquiète et passionne l’Europe entière ces jours-ci.

Deux qui pensent maîtriser la situation en Grèce et en Europe - mais Schäuble et Merkel ne matrîsent rien du tout... Foto: Tobias Koch / Wikipedia Bundestagsprojekt / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(Par Henri Mathian) – J’ai toujours apprécié le modèle allemand, tant dans son organisation que dans son efficacité. Il est constant dans l’effort et dans ses positions. Il n’a jamais voulu d’eurobonds (mutualisation des dettes) et refuse aujourd’hui encore d’en parler avec la Grèce. Et c’est pourtant le point central d’achoppement des négociations depuis 4 mois.

L’euro qui devait être ferment d’unité, de paix, de développement, de puissance et de liberté, est devenu cause d’austérité, de division, de chômage, de pauvreté et de radicalisation.

Conçu pour coiffer l’aigle allemand réunifié, l’euro a tout au contraire activement participé à sa fulgurante réussite économique… au détriment de ceux dont la structure des économies étaient incapables de suivre les augmentations de productivité. D’où les différences de compétitivité que l’on constate aujourd’hui entre les 19 et qui posent question sur la viabilité d’une zone monétaire faite d’une mosaïque de 19 Etats disparates et qui se concurrencent !

Depuis 4 ans, la Grèce a perdu 25 % de son PIB, a réduit son déficit budgétaire de -15 à -2 % (alors qu’en France, nous sommes passés de – 7 à -4 % ), a réduit les salaires et les pensions d’environ 30 %, et se retrouve en excédent primaire (avant charge de la dette). Au vu de l’attitude allemande, deux Prix Nobel d’économie, Stiglitz et Krugman, traitent les Européens d’irresponsables ! Dans une interview accordée au «Time», Joseph Stiglitz considère que les créanciers de la Grèce ont une «responsabilité criminelle dans le chaos» actuel. L’ex-«chief economist» de la Banque Mondiale suggère aux dirigeants européens d’admettre qu’ils ont fait une grosse erreur (l’austérité infligée aux Grecs) et de proposer «un nouveau départ». Dans sa chronique du New York Times, Paul Krugman affirme de son côté que les prétendus «eurocrates» sont en fait des «rigolos» qui n’ont rien appris de la macroéconomie. Accroître l’austérité conduirait à une impasse, juge-t-il, en conseillant aux Grecs de voter «non» au référendum de dimanche.

Que la Grèce reste dans l’euro ou qu’elle en sorte, elle ne paiera pas sa dette de 340 milliards d‘euros. Si elle reste, la dette sera éternellement «roulée», si elle en sort, il y aura «haircut» et nous endosserons le bébé. Alors pourquoi bloquer toute négociation sur une restructuration, ou plus exactement sur un reprofilage ?

Entre temps, Tsipras a fait un nouveau pas vers ses créanciers en acceptant une réduction drastique des dépenses militaires et la réforme des retraites dès cet été. Wolfgang Schäuble, lui, estime que les mesures proposées par Athènes ne sont pas sérieuses. Les queues se reforment devant les banques en Grèce, les retraités grecs ont le droit de retirer 120 euros sur leur pension de juillet.

Schäuble, l’intraitable, résiste aux pressions américaines. Quant à Varoufakis, il s’en remet à Merkel qui détient la clé pour dénouer la crise grecque. Pas de chance, Merkel, l’inflexible, exclut de chercher «un compromis à tout prix» – «l’avenir de l’Europe n’est pas en jeu» affirme-t-elle. Vraiment  ?

1 Kommentar zu Tribune libre : Merkel et Schäuble ont encore frappé

  1. Alexis LEHMANN // 15. Juli 2015 um 13:56 // Antworten

    Juste un point, cher Henri.
    ” Que La Grèce sorte de l’€ ou non , elle ne paiera pas sa dette dis tu ! Ce n’est pas tout a fait exact !
    Si elle sort, elle payera en drachmes ou en monnaie dévaluée, par contre si elle reste, on peut imaginer, du moins en principe que nos créances resteront inscrites à son passif en euros, dans l ‘espoir, certes lointain, d’un retour à meilleure fortune comme on dit!

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