Tribune libre : pas de “Schadenfreude” pour les voisins allemands

Dans sa tribune libre, le Président de la Fondation Entente Franco-Allemande, Jean-Georges Mandon, demande plus de solidarité avec l'Allemagne dans le dossier des réfugiés.

Le Président de la Fondation Entente Franco-Allemande (FEFA) souhaite plus de solidarité avec l'Allemagne face à l'afflux de réfugiés. Foto: Eurojournalist(e)

(Par Jean-Georges Mandon) – Dimanche soir, Angela Merkel et François Hollande se sont retrouvés à Strasbourg pour faire le point sur un agenda débordant où la question des réfugiés a pris évidemment une place prépondérante.

Elle pollue l’atmosphère en Europe, accentue les différences déjà troublantes entre les membres de l’Union, en faisant apparaître des failles là où on les attendait le moins, notamment entre les pays du Nord et de l’Est et ceux du Sud, et met en évidence le fossé qui nous sépare quand il s’agit de porter secours à des populations en péril de mort.

Le Gouvernement allemand a surpris tout le monde en se détachant des réflexes d’autoprotection que ses partenaires, y compris la France, ont montrés.

La démographie de notre voisin n’explique pas tout dans son attitude généreuse. Il y a incontestablement un désir de tourner à tout jamais la page d’un passé toujours aussi accablant et de montrer à travers une « Willkommenskultur », vraie trouvaille lexicale, un visage rayonnant au monde.

Cette ouverture repose sur une pratique que, faute de mieux et en dépit des moqueries que celle-ci peut provoquer dans des esprits « laïques » est chrétienne au sens du devoir d’aide et d’assistance que nous ont légué les écritures.

Mais la tâche est rude et dépasse largement les seules capacités de l’Allemagne. De fortes résistances se font jour devant l’ampleur de la tâche et Angela Merkel, qui incarne cette politique, est fragilisée.

A l’image (pour d’autres raisons, j’en conviens) du paysage politique français naissent en Allemagne des mouvements d’extrême droite dont le seul but est de s’en prendre avec une violence accrue aux réfugiés. Tout ce monde glauque, que l’on pensait ultra minoritaire, risque de troubler les prochaines échéances électorales en RFA, en se comptabilisant à hauteur de plus de 10% des suffrages ; un tremblement de terre politique.

Nul ne saurait dire à l’heure actuelle si « Pegida » et « AfD » resteront des épiphénomènes ou deviendront une donnée politique constante.

Pour la France, les conséquences de ces bouleversements sont doubles, me semble-t-il. D’une part, si le mot amitié franco-allemande a un sens et si l’on est attaché à la cultiver, il n’est tout simplement pas convenable de prendre une posture de donneur de leçon en se retranchant derrière un : « On vous l’avait bien dit » qui cacherait mal une certaine « Schadenfreude ». Nous constatons cette attitude çà et là et elle est tout simplement honteuse.

D’autre part, l’intelligence pure nous dicte de faire front commun devant les difficultés rencontrées par Berlin, mais aussi et surtout, par les Länder et les communes de la RFA où des dizaines de milliers de bénévoles se battent quotidiennement pour assurer l’accueil et l’intégration du million de réfugiés recensé à ce jour.

Ce soutien est un dû : il se met en pratique par une plus grande célérité dans l’accueil du « contingent » français (35 000 personnes), par des mesures de contrôle efficaces et réalistes proposés par les 2 pays aux autres membres de l’Union et par une attitude commune face aux partenaires européens de plus en plus récalcitrants.

En un mot, la seule réponse à l’essor des extrémistes, eurosceptiques et eurohostiles, sera une action solidaire entre la France et l’Allemagne. L’avenir de notre continent en dépend.

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