Triprima – la Sarre montre la voie

Avec une nouvelle formation de maîtres d'écoles permettant d'enseigner dans deux langues et trois pays, la Sarre montre la voie vers l'Europe. Le Rhin Supérieur se contente de regarder.

En Sarre comme en Lorraine, des maîtres et maîtresses d'écoles bilingues enseigneront à l'avenir dans les deux langues. Foto: KF / Wikimedia Commons / PD

(KL) – La « Stratégie France »  de la ministre-présidente de la Sarre, Annegret Kramp-Karrenbauer, est connue. Cette stratégie, couchée sur 47 pages qui font plaisir à lire, prévoit non seulement la transformation de la Sarre en « Porte de France », mais elle veut introduire d’ici l’an 2043, la langue française comme deuxième langue officielle dans ce Bundesland. Une petite, non, une grande révolution pour laquelle il faut se donner les moyens. Et c’est exactement ce que fait la Sarre.

« Triprima », voilà le nom d’une nouvelle formation de maîtres et de maîtresses d’écoles proposée en Sarre permettant aux enseignants ainsi formés, d’enseigner dans trois pays – en France, en Allemagne et au Luxembourg. Cette filière qui sera proposé à partir du semestre d’hiver 2018/19, constitue une pièce maîtresse de la formation bilingue des enfants qui eux, dès 2043, évolueront tout naturellement dans un environnement bilingue et biculturel – et la « Stratégie France » en Sarre se transformera alors en une réalité. On ne peut qu’applaudir des deux mains cette initiative qui vise une véritable intégration franco-allemande dans le sens le plus noble du terme.

Pour les enseignants, mais aussi pour les Académies, « Triprima » offre de toutes nouvelles possibilités. Les enseignants pourront travailler là où on a le plus besoin d’eux, indépendamment du pays et les Académies disposeront d’une plus grande flexibilité dans l’organisation de leurs filières. Et, bien entendu, les premiers gagnants seront les enfants de part et d’autre de la frontière qui grandiront dans un multilinguisme et avec des compétences interculturelles qui leur ouvriront de belles perspectives professionnelles et personnelles.

Et le Rhin Supérieur dans tout cela ? Notre belle région qui se positionne partout comme la « championne du transfrontalier » ? Elle s’adonne au sommeil des béats, endormie par cette agréable sensation d’être parfaite et de n’avoir aucune leçon à ne recevoir de personne.

En Janvier 2015, Annegret Kramp-Karrenbauer avait présenté sa « Stratégie France » à la Maison de la Région à Strasbourg, en invitant les voisins alsaciens et badois à se joindre aux efforts déployés par la Sarre et la Lorraine. A l’époque, le Président de la Région Alsace Philippe Richert s’était contenté de dire qu’on faisait aussi de belles choses en Alsace, en loupant une occasion en or de joindre les forces dans ce qui allait devenir la région « Grand Est ». Mais du moins, depuis qu’il est président de cette région « Grand Est », on dirait que Philippe Richert a compris non seulement les enjeux, mais aussi la qualité de la démarche sarroise-lorraine. Lors de la présentation de « Triprima » le week-end dernier dans le cadre de la « Matinée Européenne » à Sarrebruck, Richert a déclaré que la Sarre était le partenaire privilégié de la région « Grand Est »…

A croire que la région du Rhin Supérieur est en train de se faire décrocher et ce, sans même s’en rendre compte. Et si Philippe Richert disait aux Alsaciens, aux Champenois et aux partenaires du Bade-Wurtemberg ce qui se fait actuellement entre la Sarre, la Lorraine et le Luxembourg ? L’Alsace, tellement occupée par ses discussions nombrilistes portantes sur son « identité régionale » est en train de se faire doubler par les régions limitrophes qui font preuve d’une vraie attitude franco-allemande et européenne. Il est pour le moins surprenant que la sous-région alsacienne qui ne se lasse pas de souligner son « rayonnement européen » ne se rend pas compte que juste à côté, entre la Sarre et la Lorraine, l’Europe de demain est en train de se construire. Il serait temps de songer à suivre l’exemple que donnent la Sarre, la Lorraine et le Luxembourg. Tant qu’il est encore temps de bouger dans une direction similaire. Parler et s’auto-congratuler n’est pas suffisant pour faire évoluer cette Europe…

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