Trois maires, trois rois et l’Europe

Inspirés par trois rois du temps de l’occupation arabo-musulmane de la Péninsule Ibérique, trois actuels maires espagnols sollicitent un soutien de l’Union Européenne pour développer leurs communes.

Morella, l’une des trois cités de la Ruta de los Tres Reyes. Foto: Angela Llop / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(Jean-Marc Claus) – Si l’Espagne garde un fort attrait touristique pour ses côtes, l’intérieur du pays est trop souvent boudé par ceux pour qui España rime exclusivement avec playa, alors que son historia, mot à la même consonance finale, est un réel facteur d’enrichissement pour qui ne veut pas bronzer idiot.

Au début janvier, El Periódico avait rapporté que les maires d’Alcañiz, Morella et Tortosa, trois villes des communautés autonomes d’Aragon, de la Communauté Valencienne et de Catalogne, veulent relancer le « Consorcio de los Tres Reyes », afin de promouvoir le tourisme dans leurs territoires. Une rencontre avec le ministre de la culture et des sports, Miquel Octavi Iceta i Llorens (PSOE), fut alors l’occasion de présenter un premier projet de création d’un musée et d’un espace architectural.

Fin août, La Vangardia apportait des éléments supplémentaires au dossier, et en relançait la médiatisation. C’est là qu’entrera peut-être en jeu l’Union Européenne, que les promoteurs du projet sollicitent pour en obtenir 350.000 € des fonds « Next Generation EU ». Ceci très certainement au grand désespoir des europhobes espagnols dont regorge Vox, le parti de l’extrême-droite renaissante, mais c’est un autre débat et rien ne dit que ces derniers ne soient pas prêts à, toute honte bue, fermer les yeux sur ce soutien s’il est accordé.

Les trois maires veulent promouvoir la Route des Trois Rois en tant qu’espace muséal, architectural, patrimonial, historique et environnemental commun. Morella est dirigée depuis 2012 par Rhamsés Ripollés (PSPV-PSOE), Alcañiz par Ignacio Urquizu (PSOE) depuis 2019 et Tortosa par Meritxell Roigé i Pedrola (CDC) depuis 2018. La troïka formée par deux élus de socialistes et une élue sociale-libérale-autonomiste catalane peut sembler surprenante vue de France, mais elle est parfaitement compréhensible dans un pays où on sait gouverner en se coalisant.

Par ailleurs, au-delà de leurs étiquettes respectives, ces trois maires ont de l’ambition pour leurs communes et c’est avant tout cela qu’il faut retenir. Une ambition qui se veut dans la ligne du développement durable, ainsi que des principes de responsabilités sociale et environnementale. La « Ruta de los Tres Reyes » procède des liens historiques existant entre les trois communes, de par leur contiguïté et leur appartenance à l’ancienne Couronne d’Aragon, dont les possessions s’étendaient au-delà de l’Espagne, notamment au Nord des Pyrénées, dans la moitié Sud de la péninsule Italienne, en Sardaigne, en Sicile, en Corse et en Grèce.

Le but de La Route des Trois Rois est de mettre en évidence les principales valeurs qu’elle représente, et de devenir un lieu inspirant pour ses futurs visiteurs. Ce carrefour, point de jonction entre le Sud de la Catalogne, le Nord du Pays valencien et le Bas Aragon, est depuis toujours un trait d’union historique. Une légende relative à l’actuel Parc Naturel d’Els Ports, créé en 2001 et dont le sommet situé à la confluence des territoires de l’ancienne Couronne d’Aragon culmine à 1.356 m, dit que s’y seraient rencontrés le roi chrétien d’Aragon, l’émir de Tortosa et le roi de la Taïfa de Valence, au temps de l’occupation arabo-musulmane de la Péninsule Ibérique. Aujourd’hui, trois maires unissent leurs efforts, pour obtenir le soutien de l’Europe, afin de promouvoir et développer vertueusement les territoires qu’ils administrent.

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