Trois questions à Jean-Baptiste Mathieu

Le conseiller de l’Eurométropole délégué aux programmes et réseaux européens donne son sentiment quant à l’évolution européenne actuelle.

Croire en l'Europe et en l'avenir du PS, ce n'est pas évident. Jean-Baptiste Mathieu le fait. Foto: privée

(Réd) – Jean-Baptiste Mathieu fait partie de ces jeunes responsables politiques qui cherchent à introduire d’autres valeurs dans la politique. Fidèle au Parti Socialiste, il doit actuellement faire face à un double défi : l’état pitoyable du projet européen et la reconstruction du PS. Pas évident – interview trois questions.

Jean-Baptiste Mathieu, que pensez-vous de la proposition d’Emmanuel Macron d’organiser des consultations sur l’avenir de l’Europe ?

Jean-Baptiste Mathieu : Après l’espoir suscité par le discours de la Sorbonne, aujourd’hui c’est une déception ! Dans son discours du 26 septembre dernier, le Président Macron annonçait des conventions européennes démocratiques. Les mots ont un sens. Nous avons déjà connu la Convention sur l’avenir de l’Europe née du Conseil européen de Laeken en 2001. Elle avait associé la société civile, les syndicats des représentants du Parlement européen et des Parlements nationaux autour de la rédaction d’un texte servant de base au projet de constitution européenne. Ce processus était surement insuffisant mais là pour le coup avec cette consultation le compte n’y est pas. Qui peut sincèrement penser redéfinir un projet européen commun en faisant remplir un questionnaire qui sera différent dans chaque Etat Membre ?

Selon vous le projet européen a-t-il encore un avenir ?

JBM : Oui à condition qu’on mette un terme à la spirale intergouvernementale dans laquelle nous sommes enfermés depuis une quinzaine d’année. Les Etats membres sont la source du blocage et de l’impasse dans laquelle se trouve l’Union européenne. On le note particulièrement à travers l’incapacité de l’Union européenne d’adopter une politique commune et ambitieuse pour l’accueil et l’accompagnement des migrants. Par ailleurs, la méthode intergouvernementale est incapable de rapprocher l’Europe de ses citoyens. La consultation lancée par Emmanuel Macron donne l’illusion d’une concertation. En réalité, les Etats membres veulent garder le contrôle pour élaborer un projet qui se construira à l’écart des citoyens

Partout en Europe, les partis sociaux-démocrates décrochent le PS a-t-il encore un rôle à jouer dans l’UE ?

JBM : Les socialistes et les sociaux-démocrates ont besoin de la construction européenne et d’ailleurs ils l’ont toujours porté. Il ne peut avoir de solidarités ou de lutte contre les inégalités qui se limitent aux frontières nationales.  Les nationalistes, les populistes et les néo-libéraux se nourrissent des insuffisances de l’Europe actuelle. Les premiers pour faire miroiter un hypothétique repli national, les seconds pour stigmatiser les migrants, les derniers pour faire affaiblir la puissance publique. Pour moi, le Parti Socialiste a un rôle à jouer, la question européenne doit être un élément clef de sa refondation qui commence maintenant !

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