TTIP : L’Europe se soumet aux intérêts du capital américain

Les Européens n'apprécient que moyennement le fait que la Commission Européenne soit en train de vendre l'Europe aux USA - sans même toucher un euro symbolique. Foto: Kai Littmann / Eurojournalist(e)

(KL) – Selon des informations de la très sérieuse «Frankfurter Allgemeine Zeitung», les négociations secrètes entres l’UE et les Etats-Unis prennent une tournure surprenante. En effet, les négociations seraient arrivées à un point où les Etats-Unis pourraient avoir leur mot à dire concernant des nouvelles lois que les états-membre ou l’UE voudraient voter. Comprendre : il faudra soumettre de nouvelles initiatives législatives en Europe au bon vouloir des Américains. A se poser la question si la politique européenne a complètement perdu la tête.

Un «Regulatory Cooperation Body», donc, une commission mixte responsable des règlementations dans le cadre de la coopération prévue, devrait examiner tout projet de loi et les états-membres ainsi que l‘UE devraient fournir à cette commission, toute information demandée. On croit rêver.

Depuis le début de ces négociations secrètes, on a du mal à comprendre la dimension politique et la nécessité du secret absolu qui caractérisent les tractations. Pendant que nos politiques nous parlent de «transparence», de «l‘Europe des citoyens» et d’autres concepts bien sympathiques, les négociations autour du TTIP parlent une toute autre langue. Il parait de plus en plus clairement que le but principal du TTIP consiste à faciliter la vie aux grands groupes américains, au point de trahir les intérêts européens. Qui ne ressemblent pas systématiquement aux intérêts américains.

Tandis qu’en Europe, on se soucie de standards environnementaux, sociaux et juridiques, les Etats-Unis vénèrent avant tout le billet bleu et le «free entrepreneurship». Et on commence à comprendre pourquoi ces négociations se passent derrière des portes fermées – l’Europe est en train de vendre son âme et on ne veut pas s’exposer à l’indignation publique en Europe.

Les conditions de travail, les compétences et la composition de cette commission transcontinentale dont dépendrait désormais la politique européenne, ne sont pas connues, bien entendu. Car les responsables savent que les Européens ne veulent pas de ce traité qui sacrifie les valeurs européennes sur l’autel du capital américain. Et effectivement, il sera difficile d’expliquer aux Européens pourquoi ce seront les Américains qui décideront de nos standards environnementaux, du droit de travail, de notre politique sociale, de la politique monétaire et fiscale. Si le TTIP devrait réellement se concrétiser, il serait plus facile de rajouter 28 étoiles au drapeau américain, de fermer les institutions européennes à Bruxelles, Strasbourg et au Luxembourg et de nous laisser dicter notre politique par Washington.

Mais ce n’est pas si facile que cela. Le TTIP constitue pour les Américains la réponse à la gestation des états «BRICS» (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) qui est perçue comme une menace pour la prétendue suprématie américaine. Pour sauver son standing, les Etats-Unis cherchent à accroitre leur emprise sur le reste du monde, après avoir compris qu’environ un tiers de la population mondiale leur échappent à cause de la création de «BRICS». Si on peut encore comprendre cela, on ne comprend pas pourquoi les Européens doivent se soumettre à cette politique que l’on pourrait qualifier «d‘impérialisme économique».

Bien entendu, c’est la Commission Européenne de Jean-Claude Juncker qui est responsable pour ces négociations. Pilotée par celui qui a causé des pertes de milliards d’euros aux états-membres de l’UE en instaurant un système permettant à plus de 350 multinationales américaines de ne pas payer d’impôts dans les pays européens, en installant leur sièges européens au Luxembourg, la Commission se transforme peu à peu en une sorte d’agent pour les intérêts économiques américaines. Après avoir trahi les états européens une première fois, Juncker continue après que les Européens avaient la mauvaise idée de lui confier la présidence de la Commission.

Les institutions européennes font leur possible pour dégouter les citoyens européens de cette Europe. Une Europe qui est soit corrompue à fond, soit dirigée par des gens qui ne disposent pas des qualités intellectuelles pour comprendre ce qu’ils font. Il est grand temps que l’Europe se réveille, avant de pousser ses citoyens systématiquement vers des votes extrêmes – et force est de constater que lors des élections européennes en Mai 2014, ils nous avaient encore une fois menti. Cette Europe-là, cette Europe de Bruxelles, ne travaille pas POUR les Européens, mais CONTRE ses citoyens. Les Européens s’organiseront contre ce TTIP qui offrira les clés du vieux continent à l’économie américaine. Et un jour, les Juncker & Cie. devront nous expliquer leurs motivations d’abuser de leurs positions pour nuire à l’Europe.

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