TTIP : Sigmar Gabriel et «l’économie voodoo»

Le ministre de l’économie allemand, vice-chancelier Sigmar Gabriel (SPD), ne croit pas que le TTIP apporte de la croissance. Mais il le veut quand même.

Même Sigmar Gabriel ne croit plus à une croissance générée par le TTIP. Mais il le veut quand même. Foto: Eurojournalist(e)

(KL) – Pour l’instant, personne n’a pu montrer un modèle prouvant que le traité sur les libres échanges transatlantiques puisse réellement apporter les 0,5% de croissance en Europe. Maintenant, le ministre de l’économie allemand Sigmar Gabriel (SPD) met publiquement ce potentiel de croissance en doute. Pour le chef de l’économie allemande, les calculs allant en ce sens, représentent une «économie voodoo». Mais le TTIP, il le veut quand même. Coûte que coûte. Etrange.

Pendant que les syndicats, les organisations de protection d’environnement, les organismes de protection de consommateurs et bien d’autres critiquent vivement ce traité actuellement négocié dans l’opacité la plus totale, estimant que l’UE soit en train de donner gratuitement les clés de l’économie européenne aux Etats-Unis, Gabriel considère toujours que ce traité soit important pour l’Europe. Avec une explication plus que faible.

«Nos entreprises en profiteraient», a dit Gabriel, «car en appliquant les mêmes standards, elles ne doivent pas se soumettre deux fois à des procédures de homologation». Ah bon ? Pour éviter que des entreprises européennes doivent faire homologuer leurs produits pour le marché américain, il faut accorder aux Etats-Unis une sorte de droit de véto dans la législation europénne, il faut accepter des courts d’arbitrage américains pouvant prononcer des pénalités au cas où elles estiment qu’une entreprise américaine ne trouve pas des conditions idéales sur un marché européen et il faut accepter que l’Europe s’alignerait aux standards d’environnement et de travail américains qui sont inférieurs aux standards européens ?

«Dans l’ensemble, l’Europe en profitera», estime Gabriel, «car nous pourrions influencer les standards de l’économie mondiale pendant les 20 à 30 ans à venir». Il s’agit donc d’un phantasme d’omnipuissance de la part du vice-chancelier allemand. «Influencer les standards de l’économie mondiale pendant 20 à 30 ans» – c’est pour cela que l’Europe doit se soumettre aux Etats-Unis ? Et quid du fait que les standards de l’économie mondiale sont déjà aujourd’hui fixés par les états BRICS, la Chine en première ligne ?

Jusqu’alors, l’argument principal des défenseurs de ce traité sur les libres échanges avait été la possibilité de réaliser une croissance annuelle supplémentaire de 0,5% dans les pays européens, générant une nouvelle mini-dynamique et ainsi, la création d’emplois. Mais si même les protagonistes principaux dans les négociations ne croient plus à cette croissance, pourquoi alors poursuivre cette tentative de se laisser dicter les règles économique en Europe par les Etats-Unis ?

Il serait temps de stopper ces négociations qui ne serviront en définitive qu’à faciliter la vie des entreprises américaines en Europe. Des entreprises américaines, comme Apple, Pepsico ou Google qui, grâce à Monsieur Jean-Claude Juncker, ne paient quasiment pas d’impôts en Europe – cela ne suffit pas ? La résistance de la société civile contre ce que même Gabriel appelle «une économie voodoo» sera virulente – et risque de creuser encore davantage le clivage entre l’Europe institutionnelle et ses citoyens. Est-ce qu’ils ne voient vraiment pas qu’ils sont en train de ruiner l’idée d’une Europe solidaire basée sur des valeurs humanistes ?

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