Turquie : et maintenant ?

Erdogan au Conseil Européen et à l’OTAN

Ursula von der Leyen Foto :marcchaudeur/Eurojournalist.eu/4.0Int

(Marc Chaudeur) – Des sous ! Encore des sous ! C’est ce que le dirigeant turc, Recep Tayyip Erdoğan, est venu réclamer à Bruxelles et devant l’OTAN. Obtiendra-t-il satisfaction ? Le dossier est complexe, comme on sait, chaloupant dangereusement entre exigences humanitaires et revendications « sécuritaires ».

Aujourd’hui, Erdoğan a rencontré la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, et le président du Conseil européen, Charles Michel, à Bruxelles. Pour quels résultats ? Trop tôt encore pour le dire. Comme on s’y attendait, Ursula von der Leyen a réaffirmé la validité du Traité conçu en 2016 avec le dirigeant turc, ce Traité qui distribuait les tâches : la contention des migrants/réfugiés/DAESHmen, principalement syriens, en Turquie contre une aide financière au demeurant très considérable. Bien sûr, Erdoğan n’acceptera plus, ces mois ci, le Traité tel qu’il a été formulé voici quatre années : la situation a considérablement changé,et Erdogan est en position d’exercer un chantage beaucoup plus efficace aujourd’hui qu’hier.

Qu’est-ce donc qu’il faudra y changer, à ce fichu Traité ? Cela va faire l’objet de longues discussions, principalement entre le ministre des Affaires étrangère turc Mevüt Cavusoglu et une équipe d’experts. C’est ce qu’a déclaré Charles Michel, le dirigeant du Conseil européen.

Par ailleurs, Ursula von der Leyen, après les violences nombreuses commises par les policiers grecs à la frontière, a appelé pour la première fois à la mesure. La semaine dernière, elle avait assuré le gouvernement conservateur grec de son soutien, entendu dans un sens très « sécuritaire » (entendons par là l’hypothétique sécurité des frontières de l’Union européenne, et non celle des hommes, des femmes et des enfants qui se massent par milliers devant les barbelés gréco-turcs). Mais les violences du week-end dernier ne permettent plus de maintenir cette position abstraite et droitière : il va falloir agir de façon pragmatique, chère Madame, et ceci en tenant compte de tous les paramètres et de tous les impératifs…

Avant de tendre sa sébile et de chanter sa chanson à Bruxelles, Erdoğan a chanté au siège de l’OTAN. Là, il a aussi demandé un « soutien concret ». Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, s’est montré réservé à l’égard des exigences du rais turc. Erdoğan a rappelé que la Turquie avait « accueilli » (il faudrait inventer un autre terme) 3 millions et demi de réfugiés sur son sol.

Stoltenberg a suggéré que la Turquie bénéficiait déjà d’une aide considérable, puisqu’elle est le pays le plus touché par la situation en Syrie : défense anti-aérienne, présence militaire arienne et maritime,… (et présence massive d’agents des services de tous les pays d’Europe, faudrait-il ajouter, qui s’y bousculent et s’y marchent sur les pieds…). Alors, plus d’argent pour la Turquie, après l’escalade de la tension à Idlib, après la mort d’au moins 34 soldats turcs bombardés par les assado-poutiniens ? Rien n’est moins sûr.

En tout cas, les pourparlers et les discussions vont se poursuivre aussi avec les dirigeants russes et éventuellement syriens, pour tenter de renforcer l’armistice signé à Idlib récemment entre la Turquie et la Russie. Ce qui ne sera pas facile, assurément.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste