Turquie : l’Europe se ridiculise

Depuis que l’Allemagne demande la fin des négociations d’adhésion entre l’UE et la Turquie, le sujet ne semble plus intéresser les autres états-membres européens.

A l'exception de l'Allemagne et de l'Autriche, tous les états-membre de l'UE veulent poursuivre les négociations d'adhésion de la Turquie en l'UE. Eh ben. Foto: Jorge Lascar from Australia / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – L’Europe est forte. Très forte. Surtout lorsqu’il s’agit de parler sans agir par la suite. Et oui, l’Europe est unanime lorsqu’il s’agit de publier des communiqués indignés condamnant les arrestations, les violations des Droits de l’Homme, l’abolition de la liberté de la presse et d’autres méfaits du régime Erdogan, mais lorsqu’il s’agit d’agir de concert, les « partenaires » européens préfèrent regarder ailleurs. A Ankara, le dictateur-président turc ricane – l’Union Européenne se présente une nouvelle fois comme un tigre sans dents et le comportement indécis des Européens ne fera qu’encourager Erdogan de continuer exactement comme maintenant.

Il est vrai que la position déterminée de l’Allemagne, où autant le parti d’Angela Merkel (CDU) que celui de son concurrent aux élections législatives allemandes Martin Schulz (SPD) est claire – il faut terminer les négociations d’adhésion avec la Turquie et stopper les versements de milliards d’euros de « prime avant-adhésion » qui sont versés à la Turquie dans le vain espoir que ces sommes puissent être utilisées de façon à ce que la Turquie remplisse les conditions d’adhésion. Quelle plaisanterie – les milliards européens sont utilisés pour renforcer le régime Erdogan et pour financer un régime en difficulté depuis les changements à Ankara.

Mais – l’Allemagne est (presque) seule dans son souhait de dire « non » à une adhésion turque à l’Union Européenne. Seule l’Autriche soutient la position allemande – les autres états-membres ne souhaitent même pas discuter d’une fin des négociations d’adhésion. Evidemment, tout le monde continue de faire d’excellentes affaires avec la Turquie et lorsqu’il s’agit de sauver des emplois dans les industries qui exportent, on n’a aucune difficulté de travailler avec des dictateurs, despotes et tyrans. Business is business – et tant que la Turquie paie ses factures, elle peut violer les Droits de l’Homme comme elle le souhaite.

Lors de la réunion des ministres des affaires européens à Tallinn, personne ne voulait se pencher sur le dossier. Bien – donc, grâce à la mollesse des « partenaires européens », les négociations avec la Turquie se poursuivront. Mais à ce moment-là, les responsables politiques des états-membre de l’Union Européenne peuvent aussi arrêter de verser des larmes de crocodile concernant ce qu’il se passe en Turquie.

La cerise sur le gâteau à Tallinn, c’était le commentaire du ministre des affaires étrangères britannique, du fantasque Boris Johnson. « Nous ne devrions pas chasser la Turquie », a-t-il dit, « il s’agit d’un pays stratégiquement important pour nous ». Considérant que Johnson était l’un des moteurs de la décision britannique la plus idiote depuis des siècles, le « Brexit », il ferait mieux de se taire au lieu de donner des conseils à ses homologues européens. Qui eux, font tout pour que le président-dictateur turc puisse continuer son sale boulot en Turquie. Bravo, les Européens !

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