Turquie : Libérez immédiatement le journaliste Deniz Yücel !

Le journaliste de DIE WELT Deniz Yücel, détenteur de la double nationalité germano-turque, se trouve en détention provisoire en Turquie. Une détention qui peut durer jusqu’à 5 ans.

Il faut que la Turquie libère immédiatement tous les journalistes, artistes et intellectuels injustement arrêtés. Foto: blu-news.org / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Et Angela Merkel ? Que fait la chancelière allemande face à cet affront du régime Erdogan vis-à-vis de la presse internationale ? En arrêtant le journaliste germano-turc Deniz Yücel, la Turquie de Recep Tayyip Erdogan dépasse une nouvelle fois toutes les limites. L’administration du régime Erdogan reproche à ce journaliste du grand quotidien DIE WELT de la « propagande pour une organisation terroriste et l’incitation à la rébellion », pour avoir écrit des articles critiques qui visiblement ont irrité le pouvoir totalitaire en place. Pour Angela Merkel, qui défend son accord honteux avec la Turquie concernant les réfugiés syriens, la situation devient doublement délicate avec l’annonce du projet d’Erdogan de venir fin mars en Allemagne pour intervenir dans un meeting où il veut faire la promotion pour le référendum concernant le changement de la constitution turque qui lui donnerait les pleins pouvoirs.

Pendant que le paysage médiatique s’organise en faveur de Deniz Yücel, pendant que des manifestations sont organisées un peu partout en Allemagne pour demander la relâche immédiate de Yücel, la chancelière s’essaye au grand écart. Mais sa déclaration critiquant l’arrestation de Yücel était faible, tout comme sa demande que son procès puisse se dérouler selon les règles d’un état de droit. La Turquie 2017 n’est plus un état de droit, de dizaines de milliers de personnes se trouvent incarcérés pour avoir osé s’opposer à Erdogan, journalistes, artistes, intellectuels ont été arrêtés, l’appareil de la justice a été « purgé », l’opposition au parlement ne peut plus s’exprimer, certains élus kurdes ont déjà été arrêtés. Demander à ce que le procès contre Yücel se déroule selon les règles d’un état de droit, relève du vœu pieu.

Et que fera Angela Merkel maintenant ? Aura-t-elle le courage d’interdire l’entrée sur le territoire allemand au despote d’Ankara, du moins, tant que Yücel se trouve incarcéré ? Osera-t-elle faire valoir les Droits de l’Homme en montrant ses limites à Erdogan ? Pour l’instant, il semblerait que le gouvernement allemand mise surtout sur des efforts diplomatiques en vue d’une libération de Yücel qui subit actuellement les inconvénients de sa double nationalité. Pour la Turquie, Yücel est turc, pour l’Allemagne, il est allemand.

Le cas Yücel rappelle au monde les changements qui interviennent actuellement en Turquie qui justement, a abandonné les Droits de l’Homme, conférant les pleins pouvoirs à un président-dictateur qui souhaite rétablir la peine de mort pour se venger de ceux qui auraient commis la tentative d’un coup d’état dont de nombreux observateurs soupçonnent qu’il a été concerté par Erdogan lui-même.

Il est tout simplement exclu qu’un haut responsable turc ou Erdogan en personne puisse venir en Allemagne pour y faire de la propagande pour son « Ermächtigungsgesetz » et si Angela Merkel ne comprend pas ça, elle risque de le payer cher lors des élections au mois de septembre.

Le monde est en train de se polariser, que cela nous plaise ou pas. Aujourd’hui, on ne peut pas faire autrement que de prendre des positions claires – et une de ces positions claires doit consister à refuser toute coopération avec des despotes, surtout lorsque ceux-ci violent de manière aussi flagrante les Droits de l’Homme. Si jamais Angela Merkel devait autoriser Erdogan à venir en Allemagne pour s’y exprimer publiquement, il faudra qu’elle soit consciente que cette visite sera accompagnée de manifestations massives qui, dans ce cas, ne se dirigeront pas seulement contre Erdogan, mais également contre la chancelière.

Maintenant, ça suffit. Le monde civilisé devrait déclarer Erdogan « persona non grata » et ce, non seulement tant que Deniz Yücel se trouve en prison, mais tant qu’un seul journaliste, artiste et intellectuel se trouve derrière les barreaux avec des accusations qui frôlent le ridicule, mais qui peuvent se traduire en peine lourdes. Il faut arrêter de travailler avec ces dictateurs, despotes et violeurs des Droits de l’Homme, que ce soit en Turquie ou ailleurs.

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