Ukraine : Euromaidan, il y a six ans

Une Révolution et de graves problèmes non réglés

Les Barricades de Maidan début 2014 Foto: Poloz Oleg/Wikimédia Commons/CC-BY-SA/3.0Unp

(Marc Chaudeur) – Le 18 février 2014, les événements de la Place Maidan, à Kyiev,commencent à monter jusqu’au summum de violence qui sera atteint le 21 février : 82 à 100 morts ! Une Révolution qui permet de chasser le gouvernement Ianoukovytch, une succursale attardée de Moscou. Mais le problème n’est toujours pas réglé et hélas, ne semble pas près de l’être, malgré les rodomontades de certains dirigeants occidentaux.

L’ agitation remonte bien plus loin : à l’automne 2013. Le gouvernement Ianoukovytch, plus que complaisant envers Moscou, subissait de la part de Poutine des pressions sous forme d’amabilités diverses ( suppression des barrières douanières, remise de dettes,…) ; et dans le même temps, le gouvernement ukrainien, qui côtoyait dangereusement les gouffres de la faillite et de la cessation de paiement, faisait à l’Union européenne une demande de prêt de 20 milliards d’euros, qui sera refusée. A tort, à raison ? L’Union européenne savait fort bien ce qu’elle faisait, encouragée sourdement en cela par les Etats-Unis : il fallait enfin couper le cordon entre Kyiev et Moscou. Quitte à provoquer une agitation gravissime – ce qui n’a pas manqué de se produire.

Fin novembre, résultat de cette double pression, l’une positive provenant de Moscou, l’autre en creux de Strasbourg/Bruxelles : le gouvernement Ianoukovytch annonce son intention de refuser l’Accord d’association prévu avec l’Union européenne. Une foule monstrueuse qui atteint 500 000 personnes (presque un million le 8 décembre) commence à manifester et à envahir la Place Maidan, en plein centre de Kyiev, la capitale ukrainienne.

Des manifestations qui deviennent très violentes entre le 30 novembre et le 8 décembre. Une violence confuse, qui implique d’un côté la foule immense des opposants démocratiques et pro-européens, le mouvement ultra-nationaliste Svoboda et un mouvement para-militaire débordant Svoboda sur sa droite (!), Pravdii Sektor. Et de l’autre côté, le service de sécurité SBU, la police « officielle » et ses sections spéciales héritières des affreuses OMON soviétiques, les Berkout. Entre les deux, déjà, de très dangereux provocateurs, les titouchky, surgis d’on ne sait où (précaution oratoire).

L’occupation de la Place Maidan ne cesse pas, ni les manifestations massives et violentes. Le 22 janvier, on retrouve 4 cadavres en tout ; un centre de la Croix Rouge est attaqué par les Berkout cagoulés. Les manifestants sont tabassés et dénudés par une température de -10.

Mais tout cela atteint un sommet de violence à partir du 18 février. Après de longs et très durs combats de rue durant toute la journée, le gouvernement donne un ultimatum pour 18 heures. Le lendemain 19, très tôt le matin, la police donne l’assaut : 6 policiers sont tués. La violence se généralise dans le pays. Bilan au soir : 25 morts, dont 15 manifestants et un journaliste. Le 20 février, la police tire à balles réelles, et des snipers tirent… Un peu sur n’importe qui ! Ces snipers seront identifiés bien plus tard comme des membres des unités spéciales du ministère de l’Intérieur de Ianoukovytch, dont l’unité OMEGA.

Bilan du 20 février : 82 morts (mais on n’est toujours pas certain de ce chiffre, la version officielle ultérieure sera de 100 « martyrs », ceux qu’on appelle les Cent Héros Célestes  (Nebesna Sotnya). C’est à partir de ce jour que la situation bascule réellement. Les dirigeants ukrainiens, allemands, russes et français négocient. Un accord de sortie de crise est refusé, comme chacun s’y attendait, par les Russes. Mais Ianoukovytch fuit à Moscou, où il entame une paisible retraite-vodka. Et tout bascule.

Six ans plus tard, beaucoup de choses, et presque tout, reste à faire. Poutine, dès 2014, a annexé la Crimée – prenant prétexte, on a tendance à l’oublier, de l’assassinat à Odessa de 42 militants pro-russes, qui avaient fini carbonisés le 2 mai 2014 dans la Maison des Syndicats (non sans avoir, comme en passant, occasionné la mort d’une dizaine de personnes au moins). Poutine a ensuite poursuivi de plus belle ses pressions économiques (gaz, pétrole) sur Kyiev. Et surtout, il continue à armer et à subventionner les séparatistes du Donbass : cette guerre, ce cauchemardesque et sanglant scandale dont on ne parle plus guère en Occident a fait un peu moins de … 14 000 morts ! A l’intérieur, plusieurs impératifs absolus : la lutte contre la corruption et contre les risques d’instabilité politique liés à la personnalité et à la manière d’agir de Zelensky, que stipendie un escroc milliardaire.

Comment résoudre tous ces graves problème sans le secours de l’UE ? Eh bien, avec le secours des Etats-Unis… A suivre : la fréquence redoublée dans les infos ukrainiennes d’une certaine propagande américaine et pro-USA.Notamment ces images, très répandues, de la cérémonie de commémoration des Célestes Cents à Washington…

 

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