Ukraine – il faut un changement de stratégie

Un appel à tous ceux qui ont fait de cette guerre un "modèle d'affaires"... Foto: Asar Studios from Chicago, USA / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 2.0

(KL) – Actuellement, il convient de considérer deux nouvelles ensemble. D’une part, la Russie est en train d’intensifier ses bombardements sur tout le territoire ukrainien et l’armée russe consolide ses positions le long du front est-ukrainien et en même temps, les Républicains américains et Donald Trump annoncent vouloir stopper les aides à l’Ukraine en cas d’élection de Donald Trump à la présidence américaine en novembre. En vue de ces deux évolutions, il faudra trouver autre chose que la stratégie actuelle qui consiste à verser des milliards et d’innombrables systèmes d’armes à l’Ukraine, car cette guerre devient impossible à gagner.

Pour une fois, il serait raisonnable de ne pas considérer la situation en Ukraine comme on aimerait qu’elle soit, mais de manière réaliste. Jusqu’à maintenant, ce sont les Etats-Unis qui ont assuré la plus grande part des aides financières et des livraisons d’armes à l’Ukraine. Si au mois de novembre, Donald Trump devrait être élu (et il y a de fortes chances que ce soit le cas) et les aides américaines à l’Ukraine cesseraient, les autres états occidentaux ne seraient pas en mesure de remplacer ces aides américaines à leur niveau. Et si la Russie qui elle, est toujours autant soutenue par ses alliées, continue à intensifier les combats et les bombardements, la défaite ukrainienne ne serait plus qu’une question de temps.

Zelenskyi doit revoir son refus de négocier et idéalement, il le fait à un moment où l’Ukraine peut encore négocier quelque chose. Après une défaite militaire, il n’y aura plus de négociations, mais la Russie dictera la marche à suivre. Evidemment, les plan de paix qui sont actuellement sur la table, ne font plaisir à personne à l’Ouest. Mais est-ce qu’il faut sacrifier l’intégralité de l’Ukraine pour le rêve irréaliste de pouvoir chasser l’armée russe des quatre régions annexées plus la Crimée ? Est-ce que l’Occident a vraiment tout fait pour forcer la Russie à la table des négociations ?

La réponse en est non. Encore et toujours, les pays occidentaux contournent les sanctions contre la Russie, encore et toujours, nous finançons la guerre aux deux belligérants, encore et toujours aucune pression n’est exercée sur la Russie et sur l’Ukraine pour entamer des négociations.

Il est également vrai que l’Occident ne sera plus en mesure de financer cette guerre pendant des années. Les pays européens se trouvent aujourd’hui face à des tensions sociales énormes et après deux ans de guerre, sans perspective de pouvoir la remporter sur le champ de bataille, on commence par comprendre qu’on ne peut pas continuer ainsi très longtemps. Si cela n’empêche pas l’Occident de continuer à verser des milliards à Zelenskyi, il faut aussi poser la question qui en profite. L’Ukraine, pays attaqué et envahi contre tout droit international, ne défend pas l’Europe dans cette guerre, mais l’Ukraine, ce qui est tout à fait compréhensible. Mais en face, Poutine ne cédera actuellement rien et malheureusement, l’évolution militaire lui donne raison. Et puisque l’Occident continue à acheter son pétrole, son gaz et d’autres produits russes, pourquoi se mettrait-il à la table des négociations ?

L’Europe doit maintenant arrêter de suivre aveuglement le « grand frère » américain qui n’est pas un « grand frère », mais une puissance qui ne se soucie que pour elle-même, comme le font la Chine et la Russie également. Il serait tellement important que l’Europe se mette à développer une vraie stratégie concernant cette guerre, mais rien ne sera fait avant l’élection européenne le 9 Juin. Ensuite, il faut espérer qu’Ursula von der Leyen disparaisse de la scène politique et que son successeur soit plus raisonnable que la présidente d’une Commission européenne qui aujourd’hui, sert surtout à ceux et celles qui y touchent des salaires énormes, sans pour autant apporter le nécessaire aux citoyens et citoyennes européens.

Mais probablement, à Bruxelles, on attendra les résultats des élections américaines, pour ensuite être tout surpris des résultats et d’ici là, on aura encore une fois enterré 50 milliards d’euros en Ukraine, sachant que cela ne fera que retarder l’échéance. Si l’Occident devrait continuer comme ça, on serait partis pour des années et des années d’une guerre terrible qui s’étendra et qui a le potentiel de devenir la IIIe Guerre Mondiale. Après, on érigera de jolies pierres commémoratives « pour nos héros », on fera de belles analyses sociologiques pour comprendre la gestation de cette IIIe Guerre Mondiale et tout le monde se promettra « jamais plus ça ». Comme à chaque fois…