Un acte de piraterie d’air

Le détournement du vol Ryanair d’Athènes à Vilnius et l’arrestation du journaliste-bloggeur Roman Protassevitch ne peuvent pas rester sans conséquences.

Détourner un vol civil par la force militaire, constitue une infraction gravissime du droit international. La Biélorussie l'a fait. Foto: Bene Riobó / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Peu à peu, on comprend ce qu’il s’est passé dans le vol Ryanair qui assurait la liaison entre Athènes et Vilnius en Lituanie. Des agents des services secrets biélorusses étaient à bord pour opérer un détournement d’avion, forçant, à l’aide de l’aviation militaire biélorusse, l’avion Ryanair à se poser à l’aéroport de la capitale biélorusse Minsk, pour y arrêter le journaliste-bloggeur Roman Protassevitch qui se trouvait à bord de ce vol entre deux capitales européennes. Roman Protassevitch risque la peine de mort dans la dictature biélorusse, pays dirigé par le dernier dictateur en Europe, Alexandre Loukachenko. Cet acte de terrorisme d’état ne peut pas rester sans réaction forte de la part de la communauté internationale.

Les informations disponibles font état de la présence d’agents du KGB biélorusse à bord de ce vol, d’une fausse alerte à la bombe et d’un atterrissage forcé à Minsk où Roman Protassevitch et sa fiancée Sofia Sapega ont été arrêtés. Pour l’instant, personne ne sait où ces deux opposants au régime Loukachenko se trouvent, mais on craint le pire. Comme dans d’autres dictatures, les autorités biélorusses ont monté des dossiers contre ce journaliste-bloggeur, lui reprochant du « terrorisme », la formule passe-partout de tout dictateur lorsqu’il s’agit de faire taire les voix qui dérangent. Maintenant, c’est aux gouvernements de la communauté internationale d’exercer une pression maximale sur ce régime criminel qui avait falsifié les récentes élections en Biélorussie, déclenchant des manifestations qui durent depuis.

Bien sûr, la Russie, fidèle allié de Loukachenko, a immédiatement exprimé son soutien au dictateur, en justifiant l’injustifiable. Cet acte de piraterie qui constitue une infraction grave au droit international, doit être sévèrement puni par tous les moyens disponibles. Sanctions, exclusion des organisations internationales, retrait des diplomates de Minsk, renvoi des diplomates biélorusses des pays occidentaux, moratoire sur les relations économiques – le dictateur Loukachenko doit être mis sous pression. Cependant, on se souvient qu’après avoir falsifié les récentes élections, les réactions occidentales restaient tièdes. Mais il est inconcevable de laisser passer ces méthodes staliniennes qui constituent une attaque sur quasiment toutes les valeurs internationales.

Il s’agit d’une attaque sur les Droits de l’Homme, sur la liberté d’expression, sur la liberté de la presse. Bien sûr, on savait que le dictateur Loukachenko n’a cure des Droits de l’Homme, mais là, il faudra isoler ce pays de manière conséquente, jusqu’à la libération de Roman Protassevitch et de sa fiancée.

Le « crime » de Roman Protassevitch est d’avoir couvert les manifestations des opposants biélorusses après le truquage des élections en Biélorussie sur la plate-forme « Nexta ». Et puisque Loukachenko estime que toute opposition à sa personne est du « terrorisme », Roman Protassevitch et d’autres journalistes sont recherchés par les services secrets du dictateur.

C’est le moment pour la communauté internationale d’agir. Roman Protassevitch doit immédiatement être libéré, tout comme Julian Assange, détenu en Grande Bretagne dans une situation aussi scandaleuse que celle en Biélorussie. Si la politique internationale veut maintenir un semblant de crédibilité, il convient d’isoler tous les pays qui combattent la presse libre et indépendante et qui poursuivent ceux qui disent la vérité.

Il convient également de tourner le regard vers Moscou. Loukachenko n’aurait jamais osé commettre un tel acte de piraterie d’air sans le consentement des autorités russes. Il s’agit donc d’une double provocation à laquelle il sera nécessaire de répondre par tous les moyens diplomatiques disponibles.

Depuis des années, nos responsables politiques s’auto-congratulent pour leurs « lois sur la protection des lanceurs d’alerte » – mais il devient évident que ces lois ne constituent que de la « communication politique ». En effet, les lanceurs d’alerte ne sont en rien protégés et moisissent en prison, autant en Biélorussie qu’en Grande Bretagne.

La Russie cherche visiblement le lancement d’une « Guerre froide 2.0 », en se servant des quelques satellites qui lui restent, en premier lieu Alexandre Loukachenko qui ne peut se maintenir au pouvoir que grâce au soutien de Moscou. Si l’Union Européenne cherche encore la bonne réponse à cet acte de terrorisme d’état, force est de constater que la Biélorussie vient de franchir une « ligne rouge ». Les premières compagnies aériennes ont déjà réagi en contournant désormais l’espace aérien biélorusse. Mais cela ne suffira pas. L’isolement de cette « dernière dictature en Europe » doit être total, politique et économique. Et en principe, il faudrait appliquer le même traitement en ce qui concerne la Grande Bretagne qui, dans le dossier de Julian Assange, ne se comporte pas mieux que la Biélorussie. A se demander que comptent obtenir ces états qui, en pleine crise pandémique, mettent le feu à la mèche d’un baril de poudre qui, si jamais il devrait exploser, fera des dégâts que personne ne peut encore évaluer aujourd’hui.

Un seul mot d’ordre : Liberté pour Roman Protassevitch, liberté pour Julian Assange, liberté pour tous ceux qui se trouvent incarcérés pour avoir informé le public sur les comportements criminels des dirigeants des pays !

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