Un autre problème attend la France

A défaut d'un endroit et d'une technologie de stockage, l'Allemagne garde ses déchets nucléaires à même le sol à Gorleben. Foto: Dennis140 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 3.0

(KL) – Depuis de longues années, le lobby du nucléaire explique qu’aucune autre source d’énergie que le nucléaire ne serait plus propre et moins onéreuse que le nucléaire. Ce que vit aujourd’hui l’Allemagne, posera demain le même problème à la France, avec la différence que le problème du stockage des déchets nucléaires provenant des centrales nucléaires, est trois fois plus important qu’en Allemagne.

L’Allemagne a réussi sa sortie du nucléaire, en fermant successivement ses 19 centrales nucléaires. Depuis, on y cherche un endroit pour stocker les déchets nucléaires qui actuellement, faute d’endroit adapté et faute d’une technologie de stockage pour plusieurs millénaires, se trouvent à même le sol dans des containers « Castor » qui sont en train de rouiller. Un rapport de l’Ökoinstitut à Freiburg indique que la recherche d’un endroit adapté à ce stockage allait prendre 50 ans. D’ici là, les containers se trouvant dans des endroits comme un hangar à Gorleben, continuent à rouiller et cela devient un véritable casse-tête, sans même parler du coût de ce stockage pendant des milliers d’années.

Ces déchets nucléaires, principalement des éléments de combustion usés, ne peuvent pas être simplement enfouis sous terre, au risque de contaminer la nappe phréatique et de polluer ainsi l’eau potable. Le problème principal, c’est la durée du stockage de ces déchets nucléaires. Des experts estiment que ces déchets doivent être stockés de manière sûre pendant 25 000 ans, mais là, il s’agit d’un laps de temps que les humains sont incapables de gérer. En 25 000 ans, il y aura des mouvements tectoniques qui risquent d’écraser tout lieu de stockage souterrain – par conséquent, il faut trouver des endroits de stockage dans des zones peu susceptibles à bouger pendant ces 25 000 ans. Mais qui peut prévoir des mouvements tectoniques pendant ce laps de temps ?

En dehors de ça, nous ne disposons toujours pas d’une technologie permettant d’envisager un tel stockage pour une telle durée. Les containers « Castor » rangés à Gorleben dans un hangar, ont une autorisation d’exploitation qui se termine pour certains, en 2030, pour d’autres en 2040.

En Allemagne, personne ne sait aujourd’hui comment gérer ces déchets des 19 centrales nucléaires en arrêt et tout ce qu’on sait, c’est qu’un stockage sûr coûtera des sommes pharaoniques qu’il convient, bien entendu, d’ajouter au prix d’exploitation des centrales nucléaires. Du coup, le nucléaire en devient la source d’énergie la plus onéreuse, comportant des risques énormes pendant des millénaires.

L’Allemagne consomme déjà aujourd’hui plus de la moitié de l’énergie provenant de sources renouvelables et les centrales à charbon seront fermées début des années 2030. En attendant, personne ne comprend pourquoi la France ne met pas tout en œuvre pour exploiter ses énormes gisements d’hydrogène qui pourraient placer le pays en tête de cette technologie plus que prometteuse. Au lieu d’accélérer l’exploitation de l’hydrogène, on continue à miser, sous l’influence du puissant lobby du nucléaire, toujours sur la technologie des EPR, comme si l’expérience de Flamanville ne suffisait pas.

Le jour où la France devra s’occuper du stockage des déchets nucléaires en provenance de ses 56 centrales nucléaires, le pays sera surpris par les difficultés technologiques du stockage et par le coût pharaonique. Continuer à miser sur le nucléaire, cela constitue une hypothèque gigantesque pour les générations à venir. Pendant les 25 000 ans à venir…