Un cinquième de la jeunesse allemande décroché

L’actuelle étude de la Fondation Bertelsmann montre que 21,1% des enfants et adolescents allemands vivent temporairement ou en permanence dans une situation de précarité.

Les enfants qui grandissent dans un contexte de précarité, n'ont pas les mêmes chances que les autres. Foto: Niko Pirosmani / Wikimedia Commons / PD

(KL) – Pendant 5 ans, le « Institut pour la recherche dans le domaine du marché de l’emploi et des métiers » (IAB) a interrogé pour le compte de la Fondation Bertelsmann, 3180 enfants quant à leurs conditions de vie. De plus, pendant cette période, 15000 jeunes de plus de 15 ans ont également été interviewés. Le résultat, présenté cette semaine par la Fondation, est alarmant – l’Allemagne est en train de décrocher plus d’un cinquième de sa prochaine génération. Ainsi, le « modèle allemand » génère de la misère pour les jeunes concernés. A bien y regarder, ce « modèle » n’est pas un exemple à suivre.

Pour Jörg Dräger, le président de la Fondation Bertelsmann, la précarité est héréditaire. « Il est un fait qu’un enfant pauvre et privé de la participation à la vie sociale, a plus de chance d’échouer à l’école que les autres. Ceci amoindrit les chances de pouvoir mener une vie autodéterminée en se sortant de la précarité ». D’où sa recommandation en direction du monde politique : « La future politique sociale et des familles doit briser le transfert de la précarité d’une génération à l’autre. Les enfants ne peuvent pas se sortir de la précarité – et ils ont droit à une aide qui leur garantit une évolution positive et des chances égales avec les autres ».

L’engagement politique en faveur de ce cinquième de la jeunesse allemande décroché, est beaucoup trop faible. Dans le Land voisin, le Bade-Wurtemberg, le taux des jeunes touchés ou menacés par la précarité, est de 19,4%. Le Land qui investit actuellement environ 1 milliard d’euros dans l’extension et la mise à jour de ses réseaux numériques, a accordé un budget de 400 000 € à son Ministère des Affaires sociales et pour l’Intégration pour soutenir des projets contre la pauvreté des enfants. Si la mise à jour des infrastructures numériques est nécessaire et une bonne chose, on pourrait se poser la question pourquoi il n’est pas possible d’économiser quelques petits millions dans de tels budgets gigantesques, pour les injecter dans ce combat contre la précarité des jeunes, un combat qui est principalement laissé aux associations et organisations caritatives.

Les économies réalisées en délaissant les plus faibles éléments de la société, risquent de coûter cher. D’abord, évidemment, c’est une honte de priver un cinquième de toute une génération de sa dignité en le condamnant à une vie dans la précarité. Ensuite, ce n’est pas vraiment un « modèle » que de se priver d’un cinquième de ses talents – ces jeunes que l’Allemagne laisse actuellement en rade, manqueront demain pour faire tourner l’économie allemande.

L’Allemagne, « premier de la classe » ? Certainement pas – le présumé « succès » allemand est chèrement payé. Par ceux qui évoluent dans la précarité, qui n’ont pas de lobby et ne peuvent pas se défendre. Et qui constituent, « effet secondaire » inquiétant, le vivier de la radicalisation d’aujourd’hui et de demain. Pour venir à bout de la précarité des enfants, il n’y a pas 36 options – il faut investir dans l’éducation, les structures pour enfants et jeunes, un meilleur équilibre social et ce, aujourd’hui et non pas demain.

Kommentar hinterlassen

E-Mail Adresse wird nicht veröffentlicht.

*



Copyright © Eurojournaliste