Un coing, c’est tout !
Le coing, ce fruit méconnu, faisant partie intégrante de notre patrimoine culturel...
(Jean-Marc Claus) – Appelé « marmelo » au Portugal, mot duquel dérive marmelade, objet d’une vieille discorde entre Lusitaniens et Britanniques, le coing vient de loin. Il est originaire de régions très à l’Est de l’Europe. Selon le botaniste genevois du 18e siècle, Auguste Pyrame de Candolle, son apparition et sa culture remontent à quatre millénaires. Ancêtre de la pomme et de la poire, il en a la forme, selon ses principales variantes couramment nommées coing-pomme et coing-poire.
Des appellations faisant sourire les spécialistes, car la famille de cet arbre fruitier compte une trentaine de variétés, mais seulement quelques-unes sont sélectionnées par les arboriculteurs. Leur rusticité et leur vigueur ont fait leurs preuves, ainsi le Cognassier de Provence sert-il de porte-greffe aux poiriers, le Champion et le Bourgeault sont-ils très prisés par les arboriculteurs, tout comme le Vranja aux fruits très côtelés. Évidemment, il existe une variété dite Cognassier du Portugal, de fertilité moyenne, mais aux fruits agréablement odorants et à la chair de très bonne qualité.
Le cydonia oblonga, plus couramment appelé cognassier, est très largement cultivé dans divers pays du monde, dont la Turquie, la Chine, l’Iran, le Maroc et l’Argentine. En France, on le voit principalement dans le Nord-Est et le Sud-Est. Il est très présent sur la Péninsule Ibérique, et notamment au Portugal. Utilisé en Europe de l’Est quasiment exclusivement pour des préparations culinaires salées, il est plus employé dans des recettes sucrées à l’Ouest. Mais au Sud de la Méditerranée, région dont la cuisine influence aussi son pourtour Nord, on le retrouve, entre autres, en mode sucré-salé, notamment dans le tajine.
Connu dans la Grèce Antique sous le nom de Pomme de Cydon ou Poire de Cydonie, le fruit du cognassier fait partie intégrante de notre patrimoine culturel gréco-latin. Au Nord-Ouest de la Crète, la région de La Canée est à l’origine d’une des variétés les plus anciennes. Dans la mythologie grecque, les Pommes d’Or du Jardin des Hespérides, dont la quête fut l’avant-dernier des douze travaux d’Héraclès, étaient selon les interprétations du texte, des oranges ou des coings.
Plus proche de nous, au 19e siècle, Vincent van Gogh a été inspiré par ce fruit, qu’il mit en scène dans une nature morte aux formes par certains côtés très humaines. Encore plus près de nous, mais cette fois-ci seulement dans le temps, l’Azerbaïdjan, autre grand producteur de cydonia oblonga, lui a dédié un timbre en 2000. Ainsi, lorsque nous le dégustons, sous quelque forme que ce soit, c’est aussi de la culture que nous goûtons…
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