Un début de l’année dans le chaos

Des milliers de tracteurs bloquent les autoroutes et les villes partout en Allemagne. Foto: Hinnerk11 / Wikimedia Commons / CC-BY-SA 4.0int

(KL) – Mais que se passe-t-il en Allemagne ? En ce début de l’année 2024, une vague de protestations et de grèves déferle sur l’Allemagne et dans ce pays connu pour sa présumée discipline, cela fait désordre. Cette semaine, les déplacements en Allemagne semblent sérieusement compromis.

Depuis dimanche soir, rien ne va plus sur les autoroutes allemandes et aux abords des grandes villes. Des milliers de tracteurs bloquent les entrées des autoroutes, opèrent des « opérations escargot » aux abords des villes et se rassemblent dans les villes pour exprimer leur ras-le-bol. Pendant que la politique tente de discréditer ce mouvement des agriculteurs en insinuant une « récupération » par des extrémistes de différents bords, les agriculteurs comptent poursuivre leur mouvement pendant toute la semaine.

Et dès demain, les conducteurs des trains se mettent également en grève. En ce qui concerne les trains à passagers, la grève durera de mercredi 10 janvier à 2 heures du matin, jusqu’à vendredi, 12 janvier, à 18 heures. En ce qui concerne le fret, la grève commence déjà ce soir à 18 heures, ce qui occasionnera déjà des perturbations sur le réseau allemand dans la soirée. Et, comme l’indique le fantasque chef du syndicat des conducteurs des trains GDL, Claus Weselsky, ceci n’est que le début. Sachant que 97% des adhérents de ce syndicat avaient voté avant Noël en faveur de ces grèves, Weselsky pourra les reconduire à volonté. Si la Deutsche Bahn a déposé une plainte contre cette grève en référé, il n’y a que peu de chances à ce que les tribunaux donnent suite à cette plainte, car la grève a été organisée dans les règles de l’art.

Cette semaine sera assez difficile pour les Allemands qui se trouvent privés de la plupart des moyens de locomotion. Un rétablissement de la situation pourra durer, car l’expérience montre qu’après la fin d’une grève des cheminots, il faut compter un jour ou deux avant que la circulation des trains revienne à la normale (avec seulement deux tiers des trains qui sont habituellement ponctuels en Allemagne, même sans grève…). En ce qui concerne les agriculteurs, ils veulent poursuivre leur mouvement pendant toute la semaine, même si les autorités annoncent que la police allait intervenir contre tous les blocages non annoncés et autorisés. Mais que peut la police contre les milliers de tracteurs ?

Pourtant, les deux mouvements n’ont rien à voir l’un avec l’autre. Tandis que les conducteurs des trains veulent abuser de leur position de force pour « pomper » de l’argent à une entreprise d’état qui enregistre des millions et milliards de pertes, les agriculteurs se défendent contre la baisse de leurs subventions et le pouvoir croissant des grandes centrales d’achat, craignant que l’agriculture ne puisse plus nourrir les agriculteurs.

Pour les Allemands, il s’agit maintenant de gérer une situation presque inconnue. Ce genre de mouvements sociaux massifs, les Allemands avaient l’habitude de les suivre lorsqu’ils avaient lieu en Italie, en France ou en Grèce. Soudainement, les Allemands se rendent compte que leur pays se trouve, comme beaucoup d’autres, en pleine crise. Et cette crise qui commence dès les premiers jours de l’année, risque de durer et de trouver son point culminant lors de l’élection européenne le 9 juin et lors des 3 élections régionales du mois de septembre.

2024 commence fort et cela ne promet rien de trop bon pour le reste de l’année…