Un éco-quartier qui n’a jamais été un éco-quartier…

Le quartier des Tanneries à Lingolsheim dans la périphérie strasbourgeoise est un scandale. Pendant des années, les biens immobiliers y ont été vendus avec un label jamais décerné.

Pourtant, les Tanneries n'ont jamais été un éco-quartier... Foto: privéé

(KL) – Le quartier « Les Tanneries » à Strasbourg-Lingolsheim n’a pas vraiment bonne presse. Incivilités, insécurité, béton à perte de vue. Pourtant, depuis le lancement des constructions de ce quartier, le promoteur et même la ville de Lingolsheim ont fait la promotion des biens immobiliers sous le label « Eco-quartier » qui pourtant, a été refusé en 2011. Plusieurs articles sur le sujet sont déjà parus chez nos confrères des DNA et de Rue89, mais même suite à ces articles, personne ne semble trop s’inquiéter de ce que des observateurs qualifient de « tromperie sur la marchandise ». Interview avec Pierre Samy Lamamra, militant associatif et habitant du quartier.

Pierre Samy Lamamra, vous vivez dans un « éco-quartier » qui n’a jamais obtenu ce label. Comment qualifiez-vous le fait que le parc immobilier aux « Tanneries » à Lingolsheim ait été commercialisé pendant de longues années sous ce label ?

Pierre Samy Lamamra : Toute la question se trouve là. Plus on regarde le matériel promotionnel sur ce quartier, comme les vidéos du promoteur et de la ville, on constate que les réalités du quartier ne correspondent pas à ces belles images commerciales. Je ne suis pas juriste, mais ce label « éco-quartier » n’est décerné qu’après un processus de certification qui, en occurrence, n’a jamais abouti en ce qui concerne les « Tanneries ». Pourtant, et cela m’étonne, même la ville de Lingolsheim a longtemps communiqué sur le quartier en utilisant ce label. Actuellement, nous sommes en train de vérifier avec des avocats spécialisés si les personnes ayant acquis des biens immobiliers dans ce quartier, ne pourront pas se retourner contre les promoteurs et/ou la ville, puisque les caractéristiques de leurs biens ne correspondent pas à ce qui a été promis.

Vous avez eu des retours de la nouvelle mairie de Lingolsheim ?

PSL : Oui, et la réponse était assez frustrante. On nous a simplement fait savoir qu’il s’agissait là « d’erreurs du passé »…

Pensez-vous qu’il soit possible d’effectuer des aménagements du quartier pour qu’il puisse devenir un « éco-quartier » ?

PSL : Je ne crois pas. Vous savez, on ne peut pas revenir en arrière, mais ceci dit, on pourrait sans doute apporter des améliorations, sans que ces améliorations conduisent vers un label « éco-quartier ». On pourrait, par exemple, désenclaver le parc, construire des pistes cyclables, mettre en œuvre une « Maison de Quartier » – mais cela nécessite une volonté politique et bien entendu, des moyens. D’après ce que je comprends dans les prises de position de la Ville de Lingolsheim, on pourrait envisager l’embauche de travailleurs sociaux, mais pas spécialement pour les « Tanneries », mais ce serait pour toute la ville de Lingolsheim. En plus, la ville nous dit « qu’elle n’a pas la main sur le quartier »…

Donc, l’avenir des « Tanneries » comme éco-quartier est compromis… ?

PSL : Non, un avenir comme « éco-quartier » n’est plus possible. Regardez tous les immeubles et d’autres immeubles sont en cours de construction. Mais on a promis des choses aux acheteurs des appartements dans le quartier et on n’a pas tenu ces promesses – les victimes principales de cette situation sont donc les gens qui pensaient acquérir un bien immobilier dans un quartier écologique.

Est-ce qu’il y a des propriétaires qui quittent déjà le quartier ?

PSL : Oui, tout à fait. Il y en a qui essayent actuellement de vendre et d’autres sont déjà partis. Et – d’après ce que j’entends, les propriétaires sont obligés de revoir le prix de vente à la baisse, car du coup, leur appartements ne se situent pas dans un « éco-quartier », mais dans un « quartier chaud ».

Et quel sera l’avenir des « Tanneries » ?

PSL : Je ne sais pas trop – le Conseil Municipal ne semble pas trop s’intéresser au quartier et pourtant, les « Tanneries » se transforment toutes seules. Rien n’est fait pour rendre le quartier plus « écologique », les incivilités augmentent, mais personne ne semble vraiment s’y intéresser. La ville et le promoteur se renvoient la balle et en attendant, la qualité de vie dans le quartier se dégrade de plus en plus. Il serait grand temps que les collectivités se penchent sur la question. Autrement, les « Tanneries » prendront le même chemin que d’autres quartiers ou les caïds locaux font la loi. Et ça, c’est indigne d’un quartier qui a été « vendu » comme « éco-quartier ».

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