Un exemple britannique à suivre…

Aussi surprenant que ce soit, la Cour suprême britannique a pris une bonne décision. Elle impose à « Uber » de traiter ses collaborateurs en salariés. Est-ce que « l'esclavage moderne » touche à sa fin ?

Désormais, en Grande Bretagne, le même livreur devra être traité en salarié. Bientôt chez nous aussi ? Foto: shopblocks / Wikimedia Commons / CC-BY 2.0

(KL) – Les collaborateurs des nouveaux services numériques, que ce soient les chauffeurs Uber ou les livreurs des services de livraison de plats, sont une sorte « d’esclaves modernes ». Obligés à se déclarer auto-entrepreneur, ce qui les prive de tous les droits sociaux, ces « entrepreneurs » dépendants d’un seul employeur, n’ont quasiment pas de droits ou sécurité d’emploi. Par contre, pour gagner assez pour vivre, ils doivent travailler des heures pas possibles et sous une pression constante. La Grande Bretagne met maintenant un terme à ce « modèle d’affaires » en imposant aux employeurs de payer un salaire minimum et également des congés parentaux.

Le verdict de la Cour Suprême est sans appel – il s’agit de la troisième condamnation d’Uber, après que le géant du numérique avait déjà perdu deux procès en 2017 et 2018. Uber avait systématiquement fait appel, craignant, à juste titre, que cette pratique soit condamnée – car les juridictions dans d’autres pays pourraient suivre l’exemple britannique. Pendant la procédure, Uber avait maintenu que ses collaborateurs étaient des indépendants, mais la Cour a finalement tranché, à l’unanimité, que les collaborateurs étaient à considérer comme « travailleurs salariés ».

En effet, la Cour Suprême britannique a fait ce qu’il fallait pour obliger Uber à changer sa politique qui consiste à réaliser des bénéfices dans le cadre d’un « deal » qui est mauvais pour le collaborateur : on troque un poste permettant de gagner quelques euros contre l’accord du collaborateur d’assumer tout seul l’intégralité des charges sociales ainsi que le risque entrepreneurial. Souvent, en ce qui concerne les voitures Uber, les chauffeurs sont cordialement « invités » à acquérir un véhicule haut de gamme à crédit, ce qui les lie encore davantage à ce système d’exploitation sociale.

Ce verdict aura des conséquences importantes et ce, non pas seulement pour Uber, mais pour toutes les grandes plate-formes numériques. Ce type de service est en plein essor pendant la pandémie actuelle et les grands acteurs ne voudront pas perdre ces marchés. Ils seront donc obligés d’adapter leur modèle d’affaires. En réaction à ce verdict, Uber a déjà annoncé vouloir enquêter auprès de ses collaborateurs « pour savoir ce qu’ils veulent ». Comprendre : les condition de travail et sociales des collaborateurs de ces grandes plate-formes numériques, risquent de s’améliorer.

En anticipant ce verdict, Uber avait déjà opéré quelques améliorations depuis le début de ce procès, comme l’accès à une assurance maladie ou des congés parentaux. Mais maintenant, la Cour Suprême fait le pas de plus et ouvre la voie vers un vrai statut de salarié, avec la couverture sociale qui va avec.

Ce qui est valable en Grande Bretagne, l’est également dans les autres pays. Il n’y a aucune raison de permettre aux géants du numérique de faire payer leurs contributions sociales par les collaborateurs qui souvent, ne gagnent même pas le SMIC. Pour une fois, il serait indiqué de suivre un exemple britannique…

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