Un exil en Alsace
Depuis l’année 2020, une jeune vénézuélienne d’une vingtaine d’année, Hermione*, se bat avec l’administration française afin d’obtenir un titre de séjour. Un parcours du combattant qui n’entache pas sa volonté d’intégrer la France. Rencontre.
(Elsa Woeffler) – Rester ou partir ? Hermione n’a pas hésité longtemps. En effet, la jeune femme s’est investie, après la mort d’Hugo Chávez en 2013, au sein du parti « Voluntad Popular ». Cependant, l’instabilité politique au sein du gouvernement vénézuélien, a rendu sa vie là-bas dangereuse, selon elle. En 2020, elle s’exile donc en France. Mais depuis, sa vie est comme « en suspens ». En effet, depuis son arrivée à Strasbourg, la jeune femme est en situation irrégulière : elle ne possède toujours pas de titre de séjour. Malgré son dossier, la juridiction française refuse son statut de réfugié politique. « Ils lui disent que sa carte d’adhérente au parti Voluntad Popular n’est pas valide, pourtant, c’est une preuve irréfutable », se désole Noureddine Alouane, porte-parole du collectif « Agissons 67 » qui accompagne la jeune fille. Un parcours du combattant depuis 2020 pour que son statut soit reconnu.
C’est grâce aux associations et l’aide de certains bénévoles, qu’elle a pût s’en sortir
« Ma vie est en suspens depuis que je suis en France, je ne peux rien faire », ajoute-t-elle. Car sans titre de séjour, Hermione ne peut ni travailler ni étudier. Engagée dans un cursus en Ressources Humaines à l’université au Venezuela, c’est vers l’audiovisuel et l’événementiel qu’elle espère se tourner désormais. « J’aimerais créer ma propre société de production et évènementiel, de pouvoir organiser des événements : anniversaire, mariage etc. La mission : planifier, produire et enregistrer ces moments-là », ajoute Hermione. Son intérêt pour l’audiovisuel a débuté lorsque sa sœur a commencé ses études de production audiovisuelle au Venezuela. Peu à peu, son apprentissage se fera de manière autonome. « Au début, j’aimais bien faire des story (vidéo courte) sur les réseaux sociaux et peu à peu, j’ai voulu faire toujours plus long, donc je me suis initié au montage vidéo moi-même, format d’images etc. », explique Hermione.
« Pour moi c’est impossible de ne rien faire, je ne voulais pas rester enfermé chez moi, alors j’ai pris part à pleins de projet ! »
Mais pour la jeune vénézuélienne, il est hors de question de ne rien faire. Dynamique, la jeune femme s’est investie dans plusieurs projets : bénévole à l’espace Django dans le Neuhof, participation au festival des quartiers du court-métrage organisé par l’Odyssée. Elle s’est également initiée aux premiers secours avec des cours de la Protection Civile du Bas-Rhin, elle a réalisé plusieurs reportages, notamment avec Eric Antoni pour « Reportage en milieu inconnu ». Ce court-métrage a été réalisé avec l’association Focale et a permis à la jeune femme, d’apporter ses connaissances et sa maîtrise des images et de l’audiovisuel, afin de mener à bien ce projet.
Ses compétences ne se limitent pas à l’image et l’audiovisuel, Hermione a participé à un atelier d’écriture et de poésie intitulé « Nous sommes les fleurs qui sortent de l’autre », une exposition qui lui a permis d’exposer autant ses tableaux que ses textes. Un champ de compétence qui s’élargit au fur et à mesure qu’Hermione passe du temps en France. Son intégration est un bel exemple et malgré sa situation irrégulière, Hermione a su s’investir pour se permettre d’atteindre ses buts futurs.
Hermione* nom changé par la rédaction.
Kommentar hinterlassen