Un exil en Alsace

Depuis l’année 2020, une jeune vénézuélienne d’une vingtaine d’année, Hermione*, se bat avec l’administration française afin d’obtenir un titre de séjour. Un parcours du combattant qui n’entache pas sa volonté d’intégrer la France. Rencontre.

La situation au Venezuela est tendue depuis des années. Foto: Jamez42 / Wikimedia Commons / CC0 1.0

(Elsa Woeffler) – Rester ou partir ? Hermione n’a pas hésité longtemps. En effet, la jeune femme s’est investie, après la mort d’Hugo Chávez en 2013, au sein du parti « Voluntad Popular ». Cependant, l’instabilité politique au sein du gouvernement vénézuélien, a rendu sa vie là-bas dangereuse, selon elle. En 2020, elle s’exile donc en France. Mais depuis, sa vie est comme « en suspens ». En effet, depuis son arrivée à Strasbourg, la jeune femme est en situation irrégulière : elle ne possède toujours pas de titre de séjour. Malgré son dossier, la juridiction française refuse son statut de réfugié politique. « Ils lui disent que sa carte d’adhérente au parti Voluntad Popular n’est pas valide, pourtant, c’est une preuve irréfutable », se désole Noureddine Alouane, porte-parole du collectif « Agissons 67 » qui accompagne la jeune fille. Un parcours du combattant depuis 2020 pour que son statut soit reconnu.

C’est grâce aux associations et l’aide de certains bénévoles, qu’elle a pût s’en sortir

« Ma vie est en suspens depuis que je suis en France, je ne peux rien faire », ajoute-t-elle. Car sans titre de séjour, Hermione ne peut ni travailler ni étudier. Engagée dans un cursus en Ressources Humaines à l’université au Venezuela, c’est vers l’audiovisuel et l’événementiel qu’elle espère se tourner désormais. « J’aimerais créer ma propre société de production et évènementiel, de pouvoir organiser des événements : anniversaire, mariage etc. La mission : planifier, produire et enregistrer ces moments-là », ajoute Hermione. Son intérêt pour l’audiovisuel a débuté lorsque sa sœur a commencé ses études de production audiovisuelle au Venezuela. Peu à peu, son apprentissage se fera de manière autonome. « Au début, j’aimais bien faire des story (vidéo courte) sur les réseaux sociaux et peu à peu, j’ai voulu faire toujours plus long, donc je me suis initié au montage vidéo moi-même, format d’images etc. », explique Hermione.

« Pour moi c’est impossible de ne rien faire, je ne voulais pas rester enfermé chez moi, alors j’ai pris part à pleins de projet ! »

Mais pour la jeune vénézuélienne, il est hors de question de ne rien faire. Dynamique, la jeune femme s’est investie dans plusieurs projets : bénévole à l’espace Django dans le Neuhof, participation au festival des quartiers du court-métrage organisé par l’Odyssée. Elle s’est également initiée aux premiers secours avec des cours de la Protection Civile du Bas-Rhin, elle a réalisé plusieurs reportages, notamment avec Eric Antoni pour « Reportage en milieu inconnu ». Ce court-métrage a été réalisé avec l’association Focale et a permis à la jeune femme, d’apporter ses connaissances et sa maîtrise des images et de l’audiovisuel, afin de mener à bien ce projet.

Ses compétences ne se limitent pas à l’image et l’audiovisuel, Hermione a participé à un atelier d’écriture et de poésie intitulé « Nous sommes les fleurs qui sortent de l’autre », une exposition qui lui a permis d’exposer autant ses tableaux que ses textes. Un champ de compétence qui s’élargit au fur et à mesure qu’Hermione passe du temps en France. Son intégration est un bel exemple et malgré sa situation irrégulière, Hermione a su s’investir pour se permettre d’atteindre ses buts futurs.

Hermione* nom changé par la rédaction.

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