Un géant s’écroule

L’armateur coréen Hanjin doit déposer le bilan. En attendant, ses navires errent sur les océans, transportant des marchandises d’une valeur de 12,4 milliards d’euros. Et maintenant ?

Les grands ports européens n’accueillent plus les navires Hanjin. Foto: Kees Tom / Wikimedia Commons / CC-SA 2.0

(KL) – Tout le monde a déjà vu des camions ou des trains de marchandises transporter des containers arborant en grandes lettres blanches le nom « Hanjin ». Le groupe de logistique coréen était, un moment donné, le onzième plus grand groupe du secteur au niveau mondial, exploitant non seulement une flotte de navires géants, mais également la compagnie aérienne Air Korea. Fin Août, Hanjin a du déposer le bilan en Corée du Sud, tout en cherchant à se mettre sous la protection de créanciers comme elle existe aux Etats-Unis. Depuis, les navires géants ne peuvent pas entrer dans des ports et ce, pour plusieurs raisons. Les conséquences économiques sont énormes et ce, non seulement pour Hanjin.

Hanjin interdit à ses capitaines d’entrer dans les ports, craignant que les navires y soient immédiatement saisis, avec les marchandises qu’ils transportent. Et même si l’armateur donnait son feu vert, les navires ne pourraient toujours pas entrer dans les ports, car ils sont interdit d’accès, les exploitants des ports craignant ne pas être payés pour les différents droits de port, de déchargement etc. – et la situation sur les navires commence à être désespérée. « Mon équipage devient fou », un capitaine a averti les bureaux au siège à Busan en Corée du Sud, puisqu’il avait du couper la climatisation pour économiser du carburant dans l’Océan Pacifique.

Les grands navires disposent généralement de provisions pour deux semaines – et cela fait plus de deux semaines que les navires Hanjin ne peuvent pas entrer dans les ports. L’eau, les aliments et le carburant commencent à manquer et les nerfs sont à vif dans une situation où personne ne sait comment les choses vont se débloquer.

Si la situation est chaotique pour l’armateur coréen, elle l’est également pour les clients dont des marchandises d’une valeur de 12,4 milliards d’euros se trouvent sur ces navires. Les conséquences de cette situation vont beaucoup plus loin qu’on imagine. Les groupes Samsung ou LG Electronics attendent des marchandises destinées aux affaires de fin d’année, si ces marchandises devaient être saisies ou bloquées par les douanes, cela pourrait représenter un manque de gagner d’une telle dimension que des emplois dans le secteur seraient menacés. Suite au dépôt de bilan d’Hanjing qui transportait 3,2% des marchandises mondiales, les autres armateurs ont profité de la situation pour augmenter leur tarifs jusqu’à 50%. Et cela aura un impact direct sur les consommateurs dans le monde entier – les prix de produits venant d’Asie, des textiles jusqu’aux appareils électroniques, augmenteront.

Mais en attendant, il convient de trouver rapidement une solution pour les équipages qui paient le prix pour le groupe coréen qui, après avoir accumulé un déficit de 4,5 milliards d’euros, se voyait refuser d’autres crédits par les banques et qui doit déjà plusieurs mois de salaire à de nombreux salariés du groupe. La situation ne peut que s’aggraver – car en ne pas respectant les délais de livraison, Hanjin doit faire face à d’énormes pénalités qui s’ajoutent à la dette déjà existante et ce, dans une situation où le groupe ne peut pas gagner de l’argent en honorant ses contrats. Le capitalisme globalisé touche à ses limites. Est-ce que les systèmes du 20e siècle sont encore adaptés au 21e siècle ? « Too big to fail » ?

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